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Je viens de vivre ce qui sera peut-être ma dernière soirée dans ce pays merveilleux qu’est Madagascar. J’y travaille – par intermittence – depuis 2004 et j’ai appris à apprécier ce peuple et ce pays. J’y termine mon 24e séjour, sans avoir aucune certitude d’en vivre d’autres.
À Madagascar, le vendredi soir, c’est le « vendredi magnifique ». Dans les rues, il y a une animation particulière. Les étals de brochettes de bœuf et de poulet éclosent un peu partout. Plus discrètement, les vendeurs de bière font leurs affaires. Un pays comme un autre finalement.
À l’hôtel Palissandre qui m’accueille depuis mon premier séjour, le vendredi est consacré à une soirée malgache. Brochettes et punch offerts à l’apéritif. Nourriture malgache au menu du jour, préparée avec autant de qualité qu’elle ne l’est les autres jours. Et pendant tout ce temps, musique malgache. Ce soir, ils n’étaient que deux, mais la qualité de leur musique traditionnelle était à la mesure de celle du service que cet hôtel offre en permanence.
Il y avait dans la salle de restaurant une bonne vingtaine de convives qui – il faut bien l’avouer – ne semblaient pas trop s’intéresser à cette musique malgache interprétée par de bons musiciens. Du moins, c’est l’apparence que les convives donnaient. Peut-être en fait étaient-ils en train de planer. C’est difficile de montrer sa satisfaction musicale ou culturelle quand on est en train de se remplir la panse.
N’empêche, ne passe-t-on pas trop souvent à côté d’un petit bonheur qui en annonce un grand ? Il est ainsi des tas de moments où quelque chose d’extraordinaire se passe sans qu’on le perçoive, tout simplement parce que notre esprit ou notre corps est occupé par d’autres rêves tout aussi exaltants, mais qui servent d’écran aux autres plaisirs.
Cette soirée aurait pu être banale… une fin de mission de plus. Mais soudain, j’ai entendu les cordes de la valiha, j’ai entendu la voix mélodieuse de cette belle chanteuse, j’ai entendu les volutes mystérieuses de cet autre monde… Je m’y suis laissé bercer, me demandant pourquoi chaque jour n’était pas pareil et pourquoi tant de zigotos passaient à côté des réalités simples de la vie. Pourquoi laisser les plaisirs cachés ?