L’ex-ministre péquiste François Legault a le vent dans les voiles. Depuis qu’il a quitté la politique active, il a créé le mouvement « Coalition pour l’avenir du Québec » pour faire valoir ses idées sur toutes les facettes de la politique québécoise. Il se montre inquiet de notre avenir et propose de grands changements pour corriger le tir des politiques passées et actuelles.
Le récent sondage Leger Marketing, sur la préférence des Québécois, le place premier avec un appui de 31%, même si à ce jour il n’a pas créé son parti politique. Le parti libéral a repris du poil de la bête à 27%, alors que le parti Québécois se retrouve dans les ténèbres avec un pauvre 16%. Un nouveau sondage CROP confirme plus ou moins ces chiffres. Ils démontrent que le mood de changement démontré par les Québécois à l’élection fédérale du 2 mai dernier, est toujours bien présent.
Legault confirme qu’il créera son parti et a débuté l’engagement du personnel de base pour ce faire. Il veut redresser la politique québécoise et prendre toutes les décisions nécessaires, même si elles sont impopulaires.
Dans une récente conférence devant de jeunes entrepreneurs, Legault a annoncé que son nouveau parti en sera un d’un seul mandat de 5 ans, après lequel il sera dissout, qu’il engagera de profonds changements en éducation, en santé et dans l’économie, qu’il gouvernera sans tenir compte des sondages, qu’il rétablira la confiance dans les institutions publiques, et qu’il mettra fin au clivage souverainiste et fédéraliste qui divise notre société.
Legault veut prendre des décisions draconiennes en sabrant, par exemple dans les postes à Hydro-Québec, en réduisant le pouvoir des syndicats, en baissant radicalement les dépenses publiques, en abolissant les commissions scolaires et les agences de santé, en augmentant les salaires des enseignants de 20%, ….et ainsi de suite.
Malheureusement, cela ne se fera pas car Legault ne gagnera pas son pari et ne deviendra pas premier ministre. La politique est un commerce d’images et d’illusions. Legault est habile pour semer l’illusion qu’il a des solutions à tous les problèmes. Malheureusement, il n’a pas le charisme entraînant capable de maintenir le ralliement actuel des Québécois à son futur parti. Même s’il se positionne aujourd’hui en tête du peloton, je crains, pour lui, qu’il n’y sera pas le jour de l’élection.
Legault n’est pas un Jack Layton. Loin de là. Le bon Jack, qui vient malheureusement de nous quitter, était un personnage politique exceptionnel. On ne pouvait que l’aimer. Toute sa vie, il avait défendu les plus faibles de la société et cette longue bataille a fait en sorte qu’il pouvait se projeter comme il était, un homme sincère et honnête. Il ne s’agit pas seulement de l’être, il faut que les autres y croient. Les Québécois veulent du changement, mais ils ne sont pas dupes.
De plus, ce n’est pas en se mettant à dos les syndicats, les fonctionnaires, les élus scolaires, les souverainistes, et autres, que Legault gagnera des votes. Ce n’est pas en affirmant qu’il ne tiendra pas compte de l’évolution de la politique exprimée par les sondages qu’il se montrera capable de s’adapter aux problèmes du moment, qui éclatent alors que l’on ne s’y attend pas. Non. Un homme politique d’envergure se doit d’être intègre et d’avant-garde comme Legault, mais il doit aussi être flexible et capable d’adapter ses idées à l’évolution des choses.
De plus, le chef de notre nation doit respecter les acquis de notre société. Il ne peut détruire, pour une question de chiffres, ceux de la révolution tranquille, de la social-démocratie et de notre modèle de société. Certes, il faut mettre un frein aux dépenses exagérées et incontrôlées, à la mal-administration dans plusieurs domaines, aux programmes dépassés et souventes fois inutiles, etc. Certes, il faut insuffler chez nos concitoyens un esprit civique plus développé et un sentiment de confiance dans le gouvernement et ses institutions. J’en suis. Mais un parti qui ne revendique qu’un seul mandat électoral ressemble à un dictateur qui n’a pas à rendre compte de son administration. Est-ce vraiment ce que nous voulons ?
La démocratie n’est pas seulement l’expression de chaque individu le jour de l’élection, mais aussi celle de son droit de parole, de son droit de critiquer, de son droit de rassemblement, de son droit de revendiquer et de son droit d’être entendu. Un gouvernement qui ne tient pas compte de cela n’est pas un gouvernement du peuple. Il n’est pas un gouvernement démocratique. Nous n’avons pas besoin de cela, à ce moment-ci au Québec, même si nos problèmes sont fort importants.
Claude Dupras