26 - 08
2011
Pitch.
Une quadragénaire, devenue paria de la société après une tragédie, se souvient des années qui ont précédé le drame, l'emprisonnement de son fils de 16 ans. Se rend compte qu'elle n'a jamais pu le supporter et cela depuis sa naissance.
Il y a souvent des films auquels on reproche leur absence de mise en scène, ici, c'est le contraire, le film souffre d'un excès de mise en scène : notamment, l'utilisation du rouge, de la première à la dernière image, même la peluche de la fillette est rouge. A Eva, New-yorkaise énergique, ne manquait à son bonheur qu'un enfant, un désir frustré de maternité depuis longtemps, et, quand elle est enceinte, c'est le bonheur absolu pour elle et son mari ; mais, très vite, Eva a du mal à supporter son fils qui hurle plus que l'usage ne le voudrait. Scène très forte où elle préfère le bruit du marteau-piqueur aux cris de Kevin.
photo Diaphana
De scènes cauchemardées en flash-backs, on remonte au drame, un drame "à la Gus Vant Sant", comme je l'ai entendu par ci par là, faisant référence à "Elefant". Mais la comparaison, de mon avis, s'arrête là. Pour marquer les époques, on a trois coiffures différentes pour Tilda Swinton, cheveux longs de la fiancée, cheveux noirs très courts de la mère, cheveux mi-longs chatains de la femme brisée. Le mari d'Eva, un homme bon, équilibré, s'occupe de Kevin, comme si de rien n'était, avec une constance touchante, qui, de son côté, multiplie les provocations adressées tacitement à sa mère. On le croit autiste, il est surdoué, hyperlucide, sans illusions. Les acteurs sont fabuleux de vérité, Tilda Swinton, parfaite, comme toujours, et John C. Reilly en contre-emploi d'une sensibilité discrète qu'on ne lui soupçonnait pas.
photo Diaphana
C'est un film très dur, les relations entre Kevin, qu'on montre entre environ 3 et 16 ans, avec ses parents sont terribles. L'arrivée d'une petite soeur est encore pire, Kevin la démolit, c'est à pleurer. On dirait que toute personne qui vient s'interposer entre sa mère et lui est insupportable pour l'enfant Kevin. Il semble bien d'ailleurs que l'origine du drame soit le projet du père, n'en pouvant plus, de se séparer de son épouse et de se présenter comme le tenant naturel de la garde des deux enfants, une conversation qu'entend Kevin adolescent depuis le haut de l'escalier.L'histoire est si forte que le parti pris ultra-démonstratif, effets, symboles, mise en scène ostentatoire, rouge sang, ne s'imposait pas... En revanche, on n'est pa près d'oublier ce film...
photo Diaphana
Note CinéManiaC :
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article publié le 12 mai 2011 sur le blog spécial www.cinemaniacannes.fr après la présentation du film au festival de Cannes...
Mots-clés : avant-Premières, Cinéactuel, cinéma anglais, We need to talk about Kevin, Lynne Ramsay