On n’a pas tous les jours honte de ses élèves, ni de ses professeurs.
Elle s’appelle Martine Dupont, elle avait tout pour passer inaperçu. Un nom propre des plus communs, un physique d’Isabelle Carré négligée, un palmarès inconnu de la totalité des spécialistes. Et pourtant, le destin a voulu qu’elle devienne entraîneur national de judo pour les femmes, alors que la moto ou les camions lui auraient été comme un gant. Sur ce coup, le destin n’a pas été très sympa avec un grand nombre de jeunes filles qui se seraient bien vues elles aussi croquer ailleurs quand dans les fruits défendus de Martine. Dans de l’or par exemple comme les deux championnes du jour. Mais il serait injuste de tout mettre sur le dos de la coach, même si elle aime ça.
Au moins dans le cas de Lucie Louette, qui n’a semblé à aucun moment avoir déjà eu une licence dans un club. D’ailleurs, à l’issue de son dernier combat merdique, le deuxième tour, elle est restée longtemps à genoux sur le tapis, comme si elle ne connaissait pas vraiment les règles autres que celles de Martine. En sortant, Lucie a cru bon de faire croire que son prénom n’était pas qu’une coincidence : « J’étais venu pour un podium ou le titre, c’est trop dur. » Amusant. Car dans la même catégorie -78kg, Audrey Tcheumeo était venue pour la même chose et elle l’a fait. La différence tient à pas grand chose: un physique, un mental, quatre combats de plus et une technique : de ashi barai. Pour info, ça s’apprend avant la ceinture jaune.
Bleu Decosse
Lucie Decosse en revanche n’aime pas les femmes. Larbi Benboudaoud, la géante hollandaise de la finale et Thierry Rey : que des mecs autour d’elle. Et quand Thierry Rey encourage Lucie on lui pardonne tout : le « cette Russe » quand il parle d’une Tchèque, le « cette Allemande » quand il parle d’une Hollandaise. Même si cette dernière a pété le nez de Lucie Decosse. Mais cette méthode non plus ne marche pas car vos cervicales finissent inexorablement par frôler le tapis. Il y a aussi une autre technique venue des Pays-Bas : la fuite. Même quand vous mesurez 3m et que vous ressemblez à l’ennemi de James Bond dans Moonraker. En même temps elle n’a pas tort, uchi mata, arai goshi et o uchi gari elle connaissait déjà.
Pendant ce temps-là, l’intervieweur de Canal n’a eu aucun mal à conserver son titre en félicitant Dafreville : « C’est de sa faute s’il a perdu ? » avant d’envoyer une balle dans le Buffet : « C’est le rêve de médaille qui s’envole ! »