Pour une entreprise, le cloud computing est une petite révolution dans la façon de considérer l'informatique mais c'est aussi une nouvelle source de soucis. Un peu comme les infections qui se nichent entre les doigts de pieds : Elles apparaissent, on les soigne, on pense avoir gagné et peu temps après elles sont de nouveau là...
Pour une entreprise, les applications en mode cloud computing c'est peu ou prou la même chose que ces mycoses ou autres champignons : Les employés souscrivent d'eux-mêmes à des services cloud, la direction sécurité n'étant pas mise dans la boucle ; au contraire cette dernière est soigneusement oubliée : Il ne faudrait pas qu'elle puisse fourrer son nez dans ce qui ne la regarde pas.
Selon Doug Toombs, Analyste Senior chez Tier1 Research, il est nécessaire d'accompagner ce changement car il est trop tard pour l'enrailler.
Les motivations profondes : Rapidité de mise en oeuvre, documentation et coûts
Pour les directions métiers, l'amélioration de leur productivité et de leur agilité passe par une plus grande réactivité dans la mise en oeuvre des moyens et systèmes nécessaires pour atteindre leurs objectifs. Depuis plusiseurs années (voire décennies) les directions informatiques les assomment de délais improbable allant de pair avec des coûts dignent du meilleur escroc.
Une autre raison réside dans le fait que des services de cloud externes n'ont pas d'équivalents en interne ou encore que ceux-ci sont tout simplement bien mieux documentés et clairs que leurs versions internes. Car oui, certains services en internes sont parfois bien mais la documentation est souvent un peu trop basique, pas à jour voir quasiment obsolète.... et gare à celui qui osera dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas !
Avant le cloud, les directions métiers étaient ; excusez-moi de l'expression ; "de la baise". Avec le cloud computing elles ont désormais le choix : les directions informatiques doivent donc s'adapter et évoluer ; les directions sécurité aussi.
Un état de fait, une tendance qu'il n'est pas possible d'arrêter
Souscrire à un service cloud est facile et rapide : il suffit d'un accès Internet et de sortir sa carte bancaire corporate. Les services cloud qui sont les premiers sur la liste sont ceux de type SaaS (Software as a Service), les PaaS (Platform as a Service) ou même ceux de type IaaS (Infrastructure as a Service).
A moins de couper les accès Internet (totalement irréaliste) ou de filtrer l'accès à ceux-ci (à quand une catégorie "Cloud Services providers" dans les systèmes de filtrage d'URL ?), la tendance est à un élargissement du nombre de prestataires de services informatiques. Les directions informatique et sécurité sont donc tenues ; si elles veulent rester en place et continuer à être reconnues ; de se mettre au gôut du jour et d'accompagner ce changement.
Accompagner pour préparer l'avenir et anticiper
Une direction informatique, assistée de la direction sécurité, doit donc faire la part des choses et guider son organisation afin de l'accompagner vers cette transition vers le cloud computing. Sans chercher à brosser dans le sens du poil, mon avis est que les directions sécurité possèdent une plus grande pratique de "l'accompagnement" des projets que les direction informatiques.
Oui, l'utilisation inconsidérée de services en mode cloud peut être dangereux pour une entreprise. Illustration en deux points : La conformité et la continuité.
Données personnelles
Une entreprise française manipulant des données personnelles est tenue d'assurer la sécurité de ces données et celles-ci doivent rester dans le giron de l'espace européen (ou sur le sol d'un pays reconnu comme étant "suffisamment protecteur"). Tout le monde n'est pas au fait de ces aspects réglementaires (directive Européenne 95/46/EC), une direction sécurité est donc tout à fait légitime pour guider le choix (sans s'y opposer ou forcément chercher à placer d'autres solutions) vers un fournisseur en mesure de répondre à ce besoin de conserver les données dans une liste de pays pré-établie.
De la même façon, il conviendra de s'assurer que les équipes de support techniques du prestataires sont bien localisées dans des pays connus. Car oui, si les données doivent être localisées dans des datacenters précis, les personnes accédant à distance à ces mêmes données doivent aussi l'être.
Dans le cas conytraire, la loi indique que le client final doit être informé que des données personnelles le concernant sont amenées à quitter la zone europe (ou un pays "reconnu") et cela doit être stipulé dans le contrat de service.
Continuité
Utiliser des services comme le PaaS pour des applicatifs ou exécuter des machines virtuelles dans le cloud est souvent motivié pour une rapidité de mise en place, répondre à une charge ponctuelle ou encore accélérer les développements ou tests.
Dans chacun de ces contextes d'utlisation de services cloud, il est critique d'assurer que ces activités peuvent être déplacées vers un autre fournisseur que celui initialement choisi (par exemple si celui viendrait à cesser ses activités). De la même façon, une société peut initier un projet grâce aux services cloud d'un tiers pour ensuite ré-internaliser celui-ci vers un cloud privé ou communautaire.
Réversibilité
Si ces questions relatives à réversibilité n'ont pas été abordées et instruites lors de la phase initiale de souscription du service le retour en arrière pourrait prohibitif voir même dans certains cas impossible.
Dans tous les cas, il est important de s'assurer que les données peut être effectivement récupérées sous un format ré-utilisable. Pour de l'IaaS, cela passe via la possibilité de récupérer des sauvegardes complètes de ses machines virtuelles (sous un format spécifique à l'hyperviseur ou encore sous forme de fichiers OVF).
Dans le domaine du PaaS, le sujet n'est pas neuf, les récents échanges de mots entre Google et Joyent ("Google Cloud Services Criticized by Jason Hoffman", 21 Aout 2011) au sujet de Big-Table sont un bon exemple du besoin d'utiliser des techniques standardisées (ou tout du moins non propriétaires) car sinon c'est le "syndrome d'enfermement" assuré.
Souplesse et accompagnement
La balle est dans le camp des directions informatiques et sécurité : Le cloud computing est là et sera de plus en présent car elles trouvent dans ce modèle une agilité qui leur est nécessaire. Le proverbe Japonais "La neige ne brise jamais les branches du saule" illustre bien le comportement à adopter : Souplesse et accompagnement sont les clefs d'une transition vers le cloud computing.