Nicolas Sarkozy a reçu à l’Elysée ce mercredi le représentant du Conseil National de Transition libyen, pour célébrer la victoire militaire de Tripoli.
Il faut remarquer au passage que Mamhoud Jibril, présenté par Sarkozy comme le premier ministre de la rébellion libyenne, est en fait le premier ministre d’un Conseil National de Transition sans gouvernement.
Il a en effet lui-même dissout le 8 août dernier le Conseil Exécutif qui en faisait office, à la suite du meurtre du commandant en chef des forces rebelles : Abdel Younes, et sous la pression de la famille de celui-ci. Certain des membres de l’ex Conseil Exécutif étant largement soupçonné d’avoir commandité l’assassinat ( lire ici ).
Depuis, il n’a pas été en mesure de reformer un cabinet, montrant aussi le peu de représentativité de l’hôte de l’Elysée, reçu pourtant en grande pompes par Nicolas Sarkozy, ainsi que la très grande fragilité de la coalition à laquelle s’est associé l’OTAN pour renverser le régime de Kadhafi.
Ce moment charnière, où la fin des opérations militaires “classiques” semble se dessiner soulève à nouveau des questions voire des interrogations sur le CNT lui même. Et on regrette que la rencontre de l’Elysée n’ait pas permis de clarifier ces points.
Une première question qui parait légitime serait au moins de connaitre la composition extensive du Conseil National de Transition.
Jusqu’à présent, il a été dit qu’à part pour 13 d’entre eux, l’identité de ses membres devait rester secrète pour des raisons de sécurité. Ces raisons ne tiennent plus aujourd’hui que les villes desquelles sont issus ces membres sont censés avoir été “libérées” et que le CNT annonce contrôler 95% du territoire. l
Ce secret aujourd’hui injustifié ne peut que renforcer les soupçons sur le coté peu “recommandable” de ces membres secrets, et en particulier au vu de leurs liens avec Al-Qaeda. Risque qui a été soulevé par tous les experts de la région depuis le début de la campagne de renversement de Kadhafi.
Les dernières informations qui apparaissent, notamment sur les “chefs de guerre” des rebelles sur le terrain, montrent l’emprise des extrémistes islamistes sur les opérations et soulèvent de fortes inquiétudes sur la suite.
En effet, tous les postes de commandement militaire sont au mains des islamistes :
Abdelhakim Belhaj (Tripoli), Ismaël as-Salabi (Benghazi), Abdelhakim al-Assadi (Derna), Ali Salabi (CNT).
(lire ici ).
Le cas de Abdelhakim Belhaj, nouveau ‘gouverneur militaire” de Tripoli, est des plus significatifs :
Arrété en 2004 par les américains, il est ensuite livré à la Libye. En mars 2010, il est libéré par Saif Al-Islam Kadhafi, dans le cadre d’une amnistie des détenus liés à Al-Qaeda, en contretrepartie de l’engagement par ceux-ci de renoncer à la lutte armée.
Cet engagement n’a manifestement pas fait long feu. Il serait aujourd’hui intéressant de savoir à quoi il s’est engagé vis à vis du CNT, et qu’est ce qui fait qu’on peut croire que cette fois il tiendra ses engagements.
Le cirque médiatique focalise maintenant l’attention du public sur la chasse à Kadhafi alors que le plus important se passe ailleurs. Comme le souligne le nytimes, les affaires reprennent et la ruée vers le pétrole libyen a déjà commencé ( lire ici )
La déstabilisation de la Libye permet d’écarter la Russie et la Chine et de nettoyer le terrain pour les compagnies pétrolières françaises, anglaises, italiennes et américaines que Kadhafi était en train d’écarter.
De plus, maintenant que le gouvernement libyen n’aura plus de projet pour financer l’Union Africaine et les outils financiers qui devaient permettre à l’Afrique de s’affranchir de la tutelle de la banque mondiale et du FMI, Nul doute que les prix du baril vont baisser ce qui permettra de détourner les bénéfices des ressources libyennes vers l’oligarchie mondiale.
Beau résultat collatéral pour une intervention dont le but n’était surtout pas l’annexion du pétrole libyen.
Un autre sujet d’inquiétude est celui de la dissémination des armes, celles fournies par l’OTAN aux rebelles d’une part, et celles de l’armée libyenne d’autre part, et en particulier des stocks d’armes chimiques qui sont actuellement hors de contrôle. Il est fort probable que ces armes se retrouvent dans de futurs conflits qui pourraient embraser la région ou sur d’autres théatres d’affrontement avec les jihadistes ( lire ici ).
Manifestement, l’idée qu’Al-Qaeda puisse disposer de gaz moutarde ne gène pas Sarkozy, qui a considéré que cela valait le coup de s’allier avec les jihadistes pour renverser Kadhafi.
Martine Aubry, de son coté, a salué la prise de Tripoli comme un succès personnel de Sarkozy, montrant une fois encore que l’analyse que font les socialistes français de la situation du monde est très très loin des intérêts des peuples.
A votre avis, qui va tirer profit de cette guerre ?
Le peuple Libyen ? … vous voulez rire .
Le peuple français ? … lui va se contenter de payer les côuts de la guerre
Total, BP et d’autres ? … certainement
Quelques commissions occultes pour financer la prochaine campagne de Sarkozy ? … voyons, cela n’existe pas !
Article paru sur “La lumière des racailles dans la nuit des karchers” http://www.lalumieredesracailles.net