Les opioïdes sont une classe thérapeutique comprenant la morphine, la méthadone et la codéine. Ces substances peuvent être addictives et produire des symptômes de sevrage si leur utilisation est soudainement arrêtée. Couramment utilisés pour le traitement de la douleur, en oncologie notamment, leur utilisation croissante est aujourd'hui remise en cause pour le traitement de la douleur chronique non liée aux cancers.
L'étude dont il s'agit a surtout porté sur les Etats-Unis et sur les tendances de la prescription d'analgésiques opioïdes pour la douleur chronique et sur les données de décès liés aux opiacés. Elle comporte également des recommandations pour une utilisation mieux adaptée de cette classe thérapeutique. Rédigé par plusieurs chercheurs de l'Université de Toronto, l'analyse est également basée sur un rapport d'une institution britannique travaillant sur la toxicomanie, la National Treatment Agency for Substance Misuse. Ce rapport de mai 2011, intitulé «La dépendance à la médecine ou Addiction to Medicine», a enquêté sur le développement d'addictions aux médicaments OTC et sur prescription.
Plusieurs recommandations pour réduire le nombre de décès impliquant des analgésiques opioïdes:
• Limiter les pratiques de type visite médicale où, dans certains pays, des bonus récompensent les visiteurs sur le nombre de médicaments placés.
• Exiger des médecins et des patients une inscription “à la prescription de la méthadone” pour le traitement de la toxicomanie afin de pouvoir surveiller l'évolution des prescriptions,
• développer des bases de données qui fournissent des données sur les prescriptions de tous les patients, en exigeant des médecins et des pharmaciens de vérifier cette base de données avant la prescription ou la dispensation d'analgésiques opioïdes,
• accroître la formation des médecins sur l'absence de preuves à l'appui de l'utilisation à long terme des opioïdes pour les douleurs non liées aux cancers, sur la toxicité des différents opioïdes, sur le risque d'interaction médicamenteuse et sur les alternatives analgésiques, comme le paracétamol et les AINS,
• accroître les efforts de communication vis-à-vis du public sur le risque d'intéraction médicamenteuse,
• encourager la recherche sur l'efficacité des opioïdes comparés à d'autres formes d'analgésiques.
En bref, les auteurs concluent qu'il n'existe aucune indication claire des avantages à long terme de la prescription d'analgésiques opioïdes. Si les analgésiques opioïdes peuvent être une «option valable pour le traitement de la douleur aiguë et la douleur cancéreuse chronique», des précautions doivent être prises lors de leur prescription pour d'autres types de douleur.
Source:British Medical Journal 2011, 343: d5142Facing up to the prescription opioid crisis. (Visuels NHS)