Il est évident que les annonces se voulant « rigoureuses » du premier ministre François Fillon n’ont pas fait le buzz.
Il y a bien quelques articles de presse, des commentaires sur certains blogs, mais ce n’est pas un raz de marée. La page des moteurs de recherche « actualités » (24 heures après l'annonce) n’en comporte même plus la trace, rien non plus dans les « articles les plus lus, commentés ou envoyés ». le bide médiatique est certain.
En ce sens c’est déjà un succès pour Fillon : passer presque inaperçu lorsque l’on annonce des douloureuses, c’est pas mal ! Il faudra attendre le week-end à La Rochelle et le défouloir socialiste pour entendre parler de la taxation des cigarettes, de Mickey et des boissons sur-sucrées, à leur risque et péril d’ailleurs, on y reviendra. Mais il est certain que pour un article sur la prestation du premier ministre, fleurissent 10 "papiers" sur les universités d'été du PS. Il y a bien sûr une explication à cette atonie.
Après les affolements et cris d’horreur, les peurs affichées et largement décrites, nos concitoyens entendant leur premier ministre, se disent en substance : « seulement ça ! on attendait plus pire ! » Ils s’attendaient à une souffrance plus prononcée et poussent presque un OUF de soulagement tant la douleur escomptée était plus forte.
Les milliards d’euros de recettes fiscales supplémentaires, le détail des mesures et taxations diverses sont détaillées ailleurs, en revanche l’acceptation de la rigueur, même si le mot est tabou, est intéressante à mettre en lumière.
Il faut dire qu’à part Jean-Luc Mélenchon et dans une moindre mesure Arnaud Montebourg, les oppositions sont assez embarrassées par un souci d'affichage du "sérieux" ... De ce qu'ils pensent être "sérieux". Leurs attaques sont périphériques, presque anecdotiques, validant en fait quand on prête l'oreille, la notion de réduction nécessaire des déficits, celle de « gestion responsable », d’équilibre des budgets, de "règle d'or" sans vouloir le reconnaître etc.
Il ne peut d'ailleurs en être autrement quand la grande majorité de cette opposition à vocation gouvernementale escomptée est coresponsable de l’évolution des rapports commerciaux qui régissent le monde. Pascal Lamy qui dirige l’OMC est socialiste. Pour ce qui concerne les évolutions détestables des circuits financiers internationaux, DSK était, il y a peu encore directeur du FMI et présidait activement aux mesures drastiques imposées à la Grèce. Comment les spectateurs citoyens, dans ces conditions, pourraient imaginer d’autres solutions possibles ?
Ceux qui prétendent que les mesures prises un peu partout dans tous les pays et qui vont toutes dans le même sens, sont contre-productives à terme et risquent de plonger le monde dans une récession dramatique, apparaissent comme des irresponsables, au mieux comme de doux rêveurs.
C’est ainsi que le piège s’est refermé et les socialistes ne sont pas les moins responsables. Là réside le vrai triomphe de la mondialisation : rendre les imbrications telles que des politiques divergentes deviendraient suicidaires à court terme. Ainsi la mondialisation est antidémocratique. Il faudra que le PS nous explique clairement sa recette pour se soustraire à cette donnée. Comment les « internationalistes » peuvent prétendre réformer un monde qui tourne doucement le dos à la sociale démocratie ?
Un jour peut-être, sans doute, les équilibres changeront à la surface de la planète, mais ce jour n’apparaît pas comme demain. Il faudra attendre que les travailleurs des pays qui produisent vraiment, qui ne se contentent pas du tertiaire, des profits financiers et des services, réclamant une part croissante des bénéfices de cette « vraie » production, l’obtiennent, rééquilibrant ainsi les données sociales en présence. Ce jour viendra mais certainement pas avant 2012, ni 17 ou même 22 ! C'est encore très lointain ...