Les eurobonds : vers un état européen ?

Publié le 26 août 2011 par Edgar @edgarpoe

On lit partout que l'émission d'obligations européennes serait LA solution à la crise financière européenne.

C'est faux.

La solution à la crise financière européenne c'est de ranimer la croissance avec de vrais instruments macroéconomiques, pas en invoquant l'innovation et la flexibilité. De vrais instruments économiques c'est-à-dire un change flexible et une politique monétaire définie au niveau national.

Par ailleurs, à supposer même que la crise actuelle soit une crise de la dette, les euro-obligations seraient inutiles.

Deux billets récents à ce sujet : le premier de Daniel Gros, du CEPR (en anglais), le second lu sur blogizmo (en français).

Leur conclusion est identique : émettre des obligations européennes, des eurobonds, c'est créer un état européen. La solidarité fiscale entre les émetteurs de d'euro-obligations deviendrait si forte qu'elle ne peut qu'être traduite par la création d'un état.

Par ailleurs, les arguments techniques montrent que le système ainsi créé ne résoudrait pas forcément la cirse financière :

- l'état européen naîtrait avec un taux d'endettement déjà élevé au départ (je trouve 95% du PIB chez un banquier suisse, je croyais avoir lu 70%. Dans tous les cas c'est élevé) ;

- le taux d'intérêt des euro-obligations ne serait donc pas forcément beaucoup plus bas, même pour les pays mal notés, notamment compte tenu des doutes sur la gouvernance du système ;

- les pays membres aux notations faibles auraient beaucoup de mal à se financer au delà du montant des euro-obligations...

Les doutes et inconvénients sont donc nombreux, à supposer même que les citoyens des états membres de la zone euro acceptassent de devenir des sujets européens par la grâce d'eurobonds.

*

 Deux remarques :

On note d'une part avec intérêt que loin d'être une solution à quoi que ce soit, l'Union européenne exige des sacrifices toujours croissants au nom d'un avenir promis comme radieux.  D'autre part, on peut soupçonner les partisans des euro-obligations d'être parfaitement conscients des défauts de leur système. En réalité ce qui les intéresse c'est d'avancer vers l'état européen encore un peu plus. Quitte à demander ensuite un ministre des finances européens, un impôt européen, une TVA européenne et que sais-je encore.

Si ces gens étaient des démocrates, ils poseraient le problème à l'endroit : sachant que nous voulons un état européen, il faut un impôt européen, un gouvernement européen, un parlement européen qui ne soit pas une parodie de soviet suprême etc. Loin de cela, ils tentent d'expliquer par des raisons purement techniques - qui en réalité aggravent les problèmes -, les nouvelles contraintes qu'ils veulent nous infliger.