Un plan de rigueur sans vigueur ni saveur !

Publié le 25 août 2011 par Nicolas007bis

C’est quand même étonnant comme tout a changé si rapidement.

Il n’y a pas si longtemps, il ne fallait surtout pas prononcer le mot tabou de rigueur ou d’austérité alors on essayait par un habillage sémantique de camoufler les mesures de rigueur et d’austérité en politique de bonne gestion !

Voilà maintenant que l’on qualifie de mesures de rigueur ce qui n’est que du ressort de la bonne gestion !

Il n’y a que les Socialistes ou du moins certains d’entre eux mais malheureusement pas des moindres pour essayer de nous faire croire que ces mesures nous font inéluctablement entrer dans une ère de noire récession !

Il est vrai que renchérir le prix de la canette de COCA d’1 centime va plomber le pouvoir d’achat des ménages !

Malgré tout, le gouvernement a perdu là une bonne occasion de faire une démonstration de ce que pourrait-être une rigueur juste et efficace et accessoirement de couper ainsi l’herbe sous le pied des Socialistes.

Si on résume les mesures annoncées hier par Fillon :

On y trouve:

Celles qui rapportent le plus d’argent et qui concernent à part à peu près égales les revenus du patrimoine (3,9 milliards) et les entreprises (4,1 milliards).

A propos des premières, tout à fait d’accord, on sait que les revenus du travail sont beaucoup plus taxés que ceux du capital, réduire légèrement l’écart est donc une bonne idée, on peut simplement regretter plus généralement que ces mesures ne s’inscrivent pas dans une refonte globale de la fiscalité et qu’elles soient bien timides eu égard à ce qui aurait pu être fait.

Parmi celles qui concernent les entreprises, je ne me prononcerai pas faute de compétences sur le sujet, je relève simplement que la baisse des exonérations sur les heures supplémentaires n’est que partielle puisqu’elle ne rapportera que 600 millions alors qu’elle le total des exonérations liées aux heures supplémentaires pour les entreprises s'élevait en 2011 à 1,3 milliard d'euros !

A ce propos, c’est tout le dispositif qu’il aurait fallut remettre en cause puisque, à elle seule, l’exonération d’impôt sur le revenu des heures supplémentaires coute plus de 3,2 milliards d’euros sur l’année (chiffres 2011).

Je relève également que le taux réduit de TVA sur la restauration a été sauvegardé ce qui nous aurait apporté plus de 3 milliards d’euros.

Mais dans les 2 cas, pas question pour Sarkozy de se dédire !

On trouve également les mesures qui ne rapportent pas grand-chose mais qui impliquent tout le monde petits ou grands, maigres ou gros, riches ou pauvres ou ce qui fait que l’on ne parlent que d’elles : taxe sur les sodas (120 millions d'euros en 2012), taxe sur le tabac (600 millions d'euros en 2012), taxe sur les alcools forts (340 millions en 2012) et hausse de la TVA sur les parcs d’attraction et assimilés (90 millions d'euros) !

Ces taxes font un peu ramasse-tout et sont difficiles à justifier. Que l’on augmente les taxes sur le tabac et sur l’alcool ou que l’on en instaure sur les sodas pour des raisons de santé publique, pourquoi pas, même si dans ce cas il faudrait taxer beaucoup de cochonneries alimentaires, mais il faudrait que l’argent récolté aille intégralement à la Sécurité Sociale selon le principe consistant à dire que celui qui prend un risque délibéré pour sa santé, le paye !

Mais aller taxer tout ce qui nous tombe sous la main pour renflouer le budget de l’Etat est difficile à justifier et donc à faire admettre.

En ce qui concerne les parcs à thème qui bénéficiaient d’une TVA à 5,5%, contrairement à ce que considèrent certains, je ne vois rien d’anormal à leur appliquer le taux général, c’est une niche fiscale qui disparait et tant mieux.

On ne peut pas clamer à longueur d’année qu’il faut résorber les niches fiscales, c'est-à-dire les exceptions à un principe général, et trouver tous les prétextes pour les conserver.

D’une manière générale, comme déjà dit plus haut, il est illusoire de vouloir faire croire aux français que le budget de la France pourra retrouver des couleurs sans qu’ils soient mis un tant soit peu à contribution et de ce point de vue, les Socialistes tiennent un discours pour le moins ambigüe. D’un coté ils clament à qui veut les entendre (sauf Hamon qui manifestement s’accroche encore aux vieilles lunes socialistes), qu’ils ont compris l’importance de redresser les comptes de la France et de l’autre ils crient au scandale lorsqu’on ose mettre très petitement à contribution les français !

En ce qui concerne la taxe sur les mutuelles complémentaires santé qui doit rapporter 1,1 milliard d'euros, je ne comprends pas bien ce qui peut la justifier. En toute logique, les mutuelles vont répercuter cette taxe sur les cotisations de leurs assurés. Quel sens cela a-t-il de taxer spécifiquement les détenteurs de mutuelle santé ? N’oublions pas que le statut d'organismes à but non lucratif des mutuelles ne leur autorise aucun bénéfice. Tout excédent comptable doit être affecté à la préservation de leur solvabilité. En conséquence, sauf à les fragiliser, cette taxe sera répercutée intégralement sur leurs assurés.

Rappelons que les mutuelles, et donc leurs assurés, ont déjà été mises à contribution pour le financement de la CMU via une taxe qui a très sensiblement augmentée en début d’année (passée de 2,5% à 5,9% ). La conséquence, c’est que la contribution de l’Etat dans le financement de la CMU est devenue tout à fait minoritaire.

Que l’on considère que c’est aux clients des mutuelles de financer la CMU, c’est déjà discutable, mais qu’on leur demande de financer une partie du déficit budgétaire, c’est parfaitement incohérent !

Sans compter que cela rend l’accès aux mutuelles de santé, encore plus difficile pour les budgets modestes.

Pour finir, la mesure qui ne rapporte pas grand-chose non plus et qui implique les « riches » !!!

Le type même de mesure purement symbolique, qui ne sert que de caution morale à ce plan. Clairement, le Gouvernement aurait du frapper beaucoup plus fort au moment où il semble y avoir un consensus, même chez les « riches » pour participer au redressement des finances françaises !

Outre les fonds significatifs qu’il aurait pu récolter, il aurait ainsi fait un geste symbolique fort et accessoirement un coup électoral !

Au lieu de ça, il taxe de 3 % les revenus, supérieurs à 500 000 euros par an et précisons le, à partir de 500 000 euros par an, ce qui nous fait pour un revenu annuel de 1 000 000 d’euros (coquette somme), 30 000 euros (moins coquette somme).

Pas étonnant, qu’à l’arrivée, le Gouvernement espère en obtenir la somme relativement modeste de 200 millions d'euros (pour 2012).

De plus, cette taxe est qualifiée d’exceptionnelle, non pas du fait de son taux, mais de son caractère tout à fait éphémère !

Si le Gouvernement voulait défier la Gauche en se présentant comme les vertueux face aux inconscients dépensiers, il a raté son coup. Certes un plan d’action visant à augmenter les recettes de l’Etat était indispensable et il fallait le faire sans attendre. Pour autant, ce plan n’est pas un plan de rigueur, ce n’est qu’un bricolage sans imagination, sans cohérence d’ensemble et insuffisant au regard des enjeux en cause.

On y mélange la remise en cause largement incomplète de niches fiscales (heures sup, TVA sur la restauration…), des taxes supplémentaires arbitrairement distribuées et une ridicule petite taxe sur les très très hauts revenus.

En bref, un plan de rigueur sans vigueur ni saveur !

Les réactions à Gauche sont pour certaines plutôt pitoyables. Evoquer la récession qui nous attendrait au coin de la rue de Solférino du fait de ce plan est non seulement ridicule mais révélateurs qu’ils n’ont décidément rien compris. Il faut qu’ils arrêtent d’essayer de faire croire au bon peuple que la France pourra s’en sortir sans effort mais simplement par la taxation des « riches » et des entreprises !

Exiger d’une politique de la justice, de la solidarité et de l’efficacité, ce n’est pas s’insurger de manière primaire et pavlovienne devant toute demande d’effort et de changement !