C’est quand même
étonnant comme tout a changé si rapidement.
Il n’y a pas si longtemps, il ne fallait surtout pas prononcer le mot tabou
de rigueur ou d’austérité alors on essayait par un habillage sémantique de
camoufler les mesures de rigueur et d’austérité en politique de bonne gestion
!
Voilà maintenant que l’on qualifie de mesures de rigueur ce qui n’est que du
ressort de la bonne gestion !
Il n’y a que les Socialistes ou du moins certains d’entre eux mais
malheureusement
pas des
moindres pour essayer de nous faire croire que ces mesures nous font
inéluctablement entrer dans une ère de noire récession !
Il est vrai que renchérir le prix de la canette de COCA d’1 centime va
plomber le pouvoir d’achat des ménages !
Malgré tout, le gouvernement a perdu là une bonne occasion de faire une
démonstration de ce que pourrait-être une rigueur juste et efficace et
accessoirement de couper ainsi l’herbe sous le pied des Socialistes.
Si on résume les
mesures annoncées hier par Fillon :
On y trouve:
Celles qui rapportent le plus d’argent et qui concernent à part à peu près
égales les revenus du patrimoine (3,9 milliards) et les entreprises (4,1
milliards).
A propos des premières, tout à fait d’accord, on sait que les revenus du
travail sont beaucoup plus taxés que ceux du capital, réduire légèrement
l’écart est donc une bonne idée, on peut simplement regretter plus généralement
que ces mesures ne s’inscrivent pas dans une refonte globale de la fiscalité et
qu’elles soient bien timides eu égard à ce qui aurait pu être fait.
Parmi celles qui concernent les entreprises, je ne me prononcerai pas faute
de compétences sur le sujet, je relève simplement que la baisse des
exonérations sur les heures supplémentaires n’est que partielle puisqu’elle ne
rapportera que 600 millions alors qu’elle le total des exonérations liées aux
heures supplémentaires pour les entreprises s'élevait en 2011 à 1,3 milliard
d'euros !
A ce propos, c’est tout le dispositif qu’il aurait fallut remettre en cause
puisque, à elle seule, l’exonération d’impôt sur le revenu des heures
supplémentaires coute plus de 3,2 milliards d’euros sur l’année (chiffres
2011).
Je relève également que le taux réduit de TVA sur la restauration a été
sauvegardé ce qui nous aurait apporté plus de 3 milliards d’euros.
Mais dans les 2 cas, pas question pour Sarkozy de se dédire !
On trouve également les mesures qui ne rapportent pas grand-chose mais qui
impliquent tout le monde petits ou grands, maigres ou gros, riches ou pauvres
ou ce qui fait que l’on ne parlent que d’elles : taxe sur les sodas (120
millions d'euros en 2012), taxe sur le tabac (600 millions d'euros en 2012),
taxe sur les alcools forts (340 millions en 2012) et hausse de la TVA sur les
parcs d’attraction et assimilés (90 millions d'euros) !
Ces taxes font un peu ramasse-tout et sont difficiles à justifier. Que l’on
augmente les taxes sur le tabac et sur l’alcool ou que l’on en instaure sur les
sodas pour des raisons de santé publique, pourquoi pas, même si dans ce cas il
faudrait taxer beaucoup de cochonneries alimentaires, mais il faudrait que
l’argent récolté aille intégralement à la Sécurité Sociale selon le principe
consistant à dire que celui qui prend un risque délibéré pour sa santé, le paye
!
Mais aller taxer tout ce qui nous tombe sous la main pour renflouer le
budget de l’Etat est difficile à justifier et donc à faire admettre.
En ce qui concerne les parcs à thème qui bénéficiaient d’une TVA à 5,5%,
contrairement à ce que considèrent
certains, je ne vois rien d’anormal à leur appliquer le taux général, c’est
une niche fiscale qui disparait et tant mieux.
On ne peut pas clamer à longueur d’année qu’il faut résorber les niches
fiscales, c'est-à-dire les exceptions à un principe général, et trouver tous
les prétextes pour les conserver.
D’une manière générale, comme déjà dit plus haut, il est illusoire de
vouloir faire croire aux français que le budget de la France pourra retrouver
des couleurs sans qu’ils soient mis un tant soit peu à contribution et de ce
point de vue, les Socialistes tiennent un discours pour le moins ambigüe. D’un
coté ils clament à qui veut les entendre (sauf Hamon qui manifestement
s’accroche encore aux vieilles lunes socialistes), qu’ils ont compris
l’importance de redresser les comptes de la France et de l’autre ils crient au
scandale lorsqu’on ose mettre très petitement à contribution les français
!
En ce qui concerne la taxe sur les mutuelles complémentaires santé qui doit
rapporter 1,1 milliard d'euros, je ne comprends pas bien ce qui peut la
justifier. En toute logique, les mutuelles vont répercuter cette taxe sur les
cotisations de leurs assurés. Quel sens cela a-t-il de taxer spécifiquement les
détenteurs de mutuelle santé ? N’oublions pas que le statut d'organismes à
but non lucratif des mutuelles ne leur autorise aucun bénéfice. Tout excédent
comptable doit être affecté à la préservation de leur solvabilité. En
conséquence, sauf à les fragiliser, cette taxe sera répercutée intégralement
sur leurs assurés.
Rappelons que les mutuelles, et donc leurs assurés, ont déjà été mises à
contribution pour le financement de la CMU via une taxe qui a très sensiblement
augmentée en début d’année (passée de 2,5% à 5,9% ). La conséquence, c’est que
la contribution de l’Etat dans le financement de la CMU est devenue tout à fait
minoritaire.
Que l’on considère que c’est aux clients des mutuelles de financer la CMU,
c’est déjà discutable, mais qu’on leur demande de financer une partie du
déficit budgétaire, c’est parfaitement incohérent !
Sans compter que cela rend l’accès aux mutuelles de santé, encore plus
difficile pour les budgets modestes.
Pour finir, la mesure qui ne rapporte pas grand-chose non plus et qui
implique les « riches » !!!
Le type même de mesure purement symbolique, qui ne sert que de caution
morale à ce plan. Clairement, le Gouvernement aurait du frapper beaucoup plus
fort au moment où il semble y avoir un consensus, même chez les
« riches » pour participer au redressement des finances françaises
!
Outre les fonds significatifs qu’il aurait pu récolter, il aurait ainsi fait
un geste symbolique fort et accessoirement un coup électoral !
Au lieu de ça, il taxe de 3 % les revenus, supérieurs à 500 000 euros par an
et précisons le, à partir de 500 000 euros par an, ce qui nous fait pour un
revenu annuel de 1 000 000 d’euros (coquette somme), 30 000 euros (moins
coquette somme).
Pas étonnant, qu’à l’arrivée, le Gouvernement espère en obtenir la somme
relativement modeste de 200 millions d'euros (pour 2012).
De plus, cette taxe est qualifiée d’exceptionnelle, non pas du fait de son
taux, mais de son caractère tout à fait éphémère !
Si le Gouvernement voulait défier la Gauche en se présentant comme les
vertueux face aux inconscients dépensiers, il a raté son coup. Certes un plan
d’action visant à augmenter les recettes de l’Etat était indispensable et il
fallait le faire sans attendre. Pour autant, ce plan n’est pas un plan de
rigueur, ce n’est qu’un bricolage sans imagination, sans cohérence d’ensemble
et insuffisant au regard des enjeux en cause.
On y mélange la remise en cause largement incomplète de niches fiscales
(heures sup, TVA sur la restauration…), des taxes supplémentaires
arbitrairement distribuées et une ridicule petite taxe sur les très très hauts
revenus.
En bref, un plan de rigueur sans vigueur ni saveur !
Les réactions à Gauche sont pour certaines plutôt pitoyables. Evoquer la
récession qui nous attendrait au coin de la rue de Solférino du fait de ce plan
est non seulement ridicule mais révélateurs qu’ils n’ont décidément rien
compris. Il faut qu’ils arrêtent d’essayer de faire croire au bon peuple que la
France pourra s’en sortir sans effort mais simplement par la taxation des
« riches » et des entreprises !
Exiger d’une politique de la justice, de la solidarité et de l’efficacité,
ce n’est pas s’insurger de manière primaire et pavlovienne devant toute demande
d’effort et de changement !