Cheyenne est une ancienne star du rock. À 50 ans, il a conservé un look gothique, et vit de ses rentes à Dublin. La mort de son père, avec lequel il avait coupé les ponts, le ramène à New York. Il découvre que son père avait une obsession : venger une humiliation dont il avait été victime. Cheyenne décide de poursuivre cette quête et entame, à son rythme, un voyage à travers l'Amérique.
This Must Be the Place (2011 ; 1h59) film français, italien et irlandais de avec Sean Penn, Judd Hirsh, Kerry Condon…
Après les super héros Marvel et DC, c’est franchement un plaisir de renouer avec un cinéma un peu
Cheyenne était une gloire du rock à l’époque. Arborant une allure à la Robert Smith, le mythique leader de The Cure, il chantait « des chansons lugubres, parce que c’était la mode ». Or, à côté du succès critique et financier, il y a aussi une part d’ombre lorsqu’on chante sur la mort et la noirceur. Parfois, ce ne sont pas les chanteurs qui mettent fin à leurs jours, mais bien les auditeurs. Et puis, il y a ce père, décédé dans sa maison américaine alors que lui vit à Dublin avec sa femme. Bien qu’il ne l’ait que « approximativement connu », il se déplace pour assister à son enterrement. On comprend facilement que Cheyenne ait besoin d’un peu de folie, d’un coup de jus dans sa vie. Alors, quand il apprend que son père s’était lancé dans une longue quête de vengeance contre un de ses bourreaux lorsqu’il était à Auschwitz, cet homme devenu absolument incompatible avec la société s’en va boucler une histoire familiale. Plus encore, il s’en va boucler sa propre histoire. Quoi de mieux approprié pour un apprentissage qu’un road movie ? Bon, il va au « Nouveau Mexique, pas en Inde… »
This Must Be the Place est riche à de nombreux niveaux. Les paysages sont magnifiques, non pas en tant que cartes postales mais bien pour la manière dont Paolo Sorrentino les met en valeur. La musique est signée David Byrne himself (le chanteur des Talking Head dont le titre du film renvoie à une de ses chansons ; et « pas à une chanson d’Arcade Fire » !) qui nous gratifie au passage d’une apparition à l’écran. Personnellement, j’adore ce décalage entre Cheyenne, qui n’accomplit plus rien depuis 20 ans ou qui échoue, et cette quête qui semble démesurée pour lui. Certes, c’est lent. Moi, je dirais que c’est calme, et qu’on savoure d’autant le jeu de Sean Penn tout en grandiloquence, lassitude, humour (les passages entre guillemets sont donc des citations) et émotion. Un bémol, peut être, sur la fin qui fait trop belle, trop propre. Cependant, en même temps, elle donne à respirer un bon bol d’air après la densité du film.
Note :
Les Murmures.