Au lancement de ces deux standards, on nous avait annoncé que les consommateurs allaient naturellement choisir le format à conserver, car il ne peut y en avoir qu’un. Naturellement, ce furent des stratégies industrielles qui ont consacrées la victoire de Sony :
- L’installation du lecteur Blu Ray sur la PS3 qui a permis de placer 10 millions de lecteurs chez les particuliers, lorsque Toshiba ne parvenait qu’à vendre 1 million de lecteurs HD DVD, souvent bradés.
- Les partenariats avec les grandes majors de films américaines. Le récent ralliement de Warner ayant porté l’estocade.
Si, en terme d’image, Sony ressort grandi de cette victoire, on peut s’interroger sur les véritables bénéfices de tous ces investissements :
- Dans le secteur vidéo
- Le Blu Ray n’étant pas un produit mais une norme, lecteurs et disques proviendront certainement des fabricants d’électroniques de Taïwan à terme. Sony ne pourra pas seul s’accaparer les profits de la demande, et n’en retirera qu’un bénéfice limité.
- Il va falloir convaincre les consommateurs que le Blu Ray apporte une véritable amélioration sur les DVD classiques, puis les inciter à changer leur matériel. Cela va nécessiter de très gros moyens de communication.
- Le marché de la vidéo semble de plus en plus s’orienter vers la VOD en ligne. Les nouvelles connexions ultra-rapides (fibre optique) ne feront que renforcer cette tendance, au point que les experts estiment que la VOD en ligne supplantera la vente de DVD. J’ose aller plus loin en avançant que le DVD va devenir anecdotique, le Net offrant un choix illimité et instantanné !
- Dans le secteur des jeux vidéos
- Microsoft et Paramount, jusqu’alors liés au HD DVD, peuvent désormais utiliser la norme Blu Ray, ce qui retire potentiellement à la PS3 sa spécificité.
- Le succès collossal de la Wii a provoqué la fuite de certains fabricants de jeu tels que Capcom, dont le soutien à la PS3 ne semble pas aussi indéfectible que celui des studios hollywoodiens pour le Blu Ray.
- Les coûts des composants Blu Ray entraînent une perte pour Sony sur chaque console vendue, malgré un prix de vente de sa console deux fois supérieur à celui de la Wii.
En fait, tous les acteurs demandent la vision d’une stratégie claire du groupe. Cette bataille rappelle celle du Betamax de Sony contre le VHS de JVC pour les cassettes vidéos. JVC avait pu se vanter de sa victoire, mais s’était retrouvé écarté du marché de l’électronique par manque de stratégies appropriées.
Sony devra éviter ce piège… Vous avez gagné cette bataille, superbe, mais qu’allez-vous faire de cette victoire ?