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orsque nous étions à Kalimantan, l'un de nos guides nous a raconté la mort de son père, lors des affrontements de Kumai, au début des années 2000. Ces affrontements très sanglants ont éclaté après plusieurs années d'immigration des Madurais à Kalimantan. Le peuple Dayak, indigène de l'île de Borneo, ne voyait pas d'un bon oeil l'arrivée de ces étrangers plutôt citadins sur son île, qui se moquaient du caractère paysan des locaux.
Lorsque les affrontements ont éclaté, les Dayaks ont débarqué dans les villes, enragés. L'un des épisodes sanglants de cette histoire raconte que certains Madurais se sont retrouvés encerclés par des Dayaks en furie. La police les a alors protégés en les enfermant dans un bus qu'ils surveillaient. Plus tard, lorsqu'ils ont ouvert les portes, les policiens n'ont trouvé que des cadavres de personnes décapitées.
Une histoire très connue dans le pays.
Selon notre guide, les Dayaks ont eu recours à la magie noire. Chose inexplicable pour nous autres touristes, mais qui ne fait aucun doute pour tous les locaux. Les Dayaks sont capables de tuer à distance et de dicter à leurs couteaux la direction à prendre pour atteindre une victime. Leurs armes ont une âme.
Notre guide, qui étudie à l'université et parle très bien l'anglais, n'insiste pas trop sur cette histoire de magie noire car il semble être habitué à ce que les touristes ne le prennent pas au serieux.
Plus tard, nous sommes à Bali et en venons à parler de Kalimantan avec un local. Je lui parle de ces affrontements terribles à Kumai et de cette affaire de bus et de victimes decapitées les portes fermées. Le local me confirme, il connait bien l'affaire et sait que les Dayaks ont des pouvoirs magiques. Il semblerait que cette histoire ait eu une portée nationale.
Quelques jours plus tard, à l'occasion d'une randonnée dans les hauteurs du joli village de Munduk, nous faisons la connaissance de Putu. Celui-ci est salué de tous, il y a même une femme qui lui parle pendant un long moment en lui désignant l'un de ses enfants. Putu nous explique qu'il pratique la magie blanche et soigne les locaux lorsque ceux-ci ont des sortilèges. Le fils de cette femme a été envoûté, il l'a vu tout de suite, et viendra plus tard soigner l'enfant.
De retour à Sydney, j'ai cherché des informations sur les massacres de Kumai. J'ai trouvé un article anglais sur un site Indonésien qui en parlait. Il racontait que la police, corrompue jusqu'à l'os, échangeait protection aux Madurais en échange d'argent. Ils les dénoncaient parfois aux Dayaks enragés, qui se baladaient dans les rues avec les têtes de leurs victimes. Un tableau beaucoup plus cru... j'aime pourtant l'image de ces hommes attachés à leurs terres ancestrales et aux pouvoirs mystérieux. Chacun se fera son idée... magie noire ou pas ? :)