Aymeric Pontier présente de nouvelles technologies prometteuses qui s’intéressent à l’utilisation du CO2. Un article de son site, republié avec son aimable autorisation.
Parmi les technologies développées actuellement afin de lutter contre le changement climatique, en limitant les rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, la géothermie et le captage du dioxyde de carbone figurent en bonne place, auprès des décideurs politiques et des investisseurs privés. La première vise à utiliser l’énergie thermique générée et stockée dans le sous-sol, la seconde vise à séquestrer le CO2 dans d’anciennes mines de charbon, entre autre.
Bien que les démonstrations scientifiques se multiplient sur la planète, principalement en Occident, la technique du captage/stockage du CO2 pose un problème majeur : son coût exorbitant. Mais il y a aussi un autre écueil : le gâchis effroyable du concept en lui-même. Pourquoi dépenser autant de temps, d’agent et d’énergie pour seulement se contenter de stocker du gaz sous Terre ? Et si on voyait plus loin ? Et si on trouvait un moyen de ré-utiliser et de valoriser tout ce gaz ?
Il y a quelques mois, l’ADEME a justement lancé un appel à manifestations d’intérêt dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir, qui ouvre la voie au financement de démonstrateurs dédiés à la valorisation du CO2. De leur côté, des chercheurs du Laboratoire national Lawrence Berkeley, qui est rattaché à l’Université de Californie, ont eu une idée de génie. Ils ont créé une toute nouvelle façon de produire de l’énergie « propre » en combinant le CO2 et la géothermie.
Voici comment ça marche. Le CO2 capté dans l’air est injecté à trois kilomètres de profondeur dans le sol, où règne une température de 125°C, soit suffisamment pour que le CO2 atteigne un « état critique » et devienne un fluide supercritique. Ensuite, le CO2 est ramené à la surface et placé dans une turbine qui transforme la chaleur en électricité. Après quoi, le cycle recommence, le CO2 est ré-injecté une seconde fois dans le sol, et ainsi de suite. Le procédé testé en ce moment même dans le Mississippi vise à transformer le CO2 en source d’énergie renouvelable.
Notez que le dioxyde de carbone « supercritique » a des propriétés étonnantes qui sont d’ors-et-déjà utilisées dans l’industrie agroalimentaire et la parfumerie pour extraire les arômes des plantes à parfum ou décaféiner le café, par exemple. C’est une méthode connue depuis longtemps.
Si la technique envisagée de géothermie par CO2 est efficace, elle permettrait non seulement de diminuer considérablement le coût du stockage de CO2, mais offrirait de nouvelles propectives à la géothermie. Car, en remplaçant l’eau par du CO2, on peut envisager d’implanter des centrales géothermiques dans des zones arides. Ce qui était évidemment impossible jusqu’ici…
Les premiers résultats devraient être disponibles d’ici un an ou deux.
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