Service minimum Le plan gouvernemental présenté le 24 aoû...

Publié le 25 août 2011 par Jblully

Service minimum
Le plan gouvernemental présenté le 24 août constitue le service minimum pour permettre à la France d’atteindre ses objectifs en matière de réduction de déficits publics (5,7% cette année, 4,6% l’année prochaine). Il répond à un problème « technique » (le ralentissement de l’économie nationale qui va peser sur les recettes futures) sous une contrainte politique (ne pas effrayer l’électeur-contribuable huit mois avant des élections majeures). Vu sous cet angle, l’exercice est réussi. Etait-il possible, souhaitable d’aller plus loin ? Et si oui, comment ?
A la question du possible, la réponse est bien évidemment oui. L’effort de 12 milliards € annoncé pour 2012 représente 0,6% du PIB, ce qui est modeste au regard du chemin à parcourir (réduire le déficit public de 5,7% en 2011 à 3% en 2013). Surtout, l’essentiel du plan porte sur les recettes, donc des impôts supplémentaires, alors que la France se distingue de ses partenaires européens essentiellement par ses dépenses (55,3% du PIB en 2011 contre une moyenne en zone euro de 49%). L’institut Thomas More s’est récemment livré à un intéressant exercice de   « convergences » franco-allemandes en matière de dépenses publiques et estime que les administrations françaises peuvent fournir le même niveau de services que les administrations allemandes en dépensant … 163 milliards € de moins. On en est loin !
Quant aux recettes elles-mêmes, sans même évoquer la perspective d’un hypothétique grand soir fiscal, les marges de manœuvre sont aussi très importantes. Natixis a ainsi récemment estimé à près de 17 milliards€ le gain qu’on pouvait attendre de la suppression de certaines niches fiscales économiquement non justifiées. Et là encore, cela ne représenterait que le tiers du total des niches économiques …
Si un effort accru de réduction des déficits est donc largement possible, est-il pour autant souhaitable ? En principe, oui (la dette est devenue insoutenable), en réalité, c’est plus douteux au regard du contexte conjoncturel. La multiplication de plans de rigueur autrement plus consistants en Europe et en zone euro constitue, à l’évidence, une menace pour l’activité économique européenne des prochains mois. Sans doute, est-ce le prix à payer pour enrayer la crise de la dette souveraine européenne, mais leur impact sur l’activité des douze prochains mois s’annonce massif. Que la France fasse un effort similaire et le risque de récession, pour le coup, deviendrait important.
Reste à savoir si ce plan sera suffisant aux yeux des marchés financiers et des agences de notation. Pour ces dernières, la réponse est probablement oui. La France vient de confirmer que l’effort à fournir pour atteindre ses objectifs de déficits est très supportable. Surtout, le gouvernement confirme que, même à la veille des élections, il reste concentrer sur son objectif de baisse des déficits. Tout ceci devrait donc renforcer la crédibilité de la politique budgétaire française et consolider le triple A français. Quant aux marchés, ils seront peut-être enclins à faire la comparaison avec la situation allemande. Nos voisins viennent en effet d’annoncer une révision à la baisse de leurs déficits publics grâce à une croissance dynamique. Les 5,7% de déficits français en 2011 risquent donc de faire pâle figure au regard des … 1,5% annoncés par l’Allemagne. Reste qu’il n’y a là rien de bien nouveau.
Au final, ce plan peut-être vu comme un verre à moitié vide (l’effort est modeste) ou à moitié plein (la France a encore beaucoup de marges de manœuvre pour respecter ses engagements). Surtout, il constitue un ultime galop d’essai avant le moment décisif, celui des prochaines élections, où les Français devront choisir les voies et moyens pour sauver nos finances publiques.