Nous discutâmes de toute cette histoire devant une bouteille de cognac qu'il ramena dans le buffet à chaque fin de service comme pour ne pas être tenté par le dernier des derniers verres. Mais à quoi bon puisqu'au bout du compte il tituba tellement que je pris l'initiative de la laisser une bonne fois pour toutes sur la table du salon .
Sans pleurer, nonchalamment, je lui racontai mon histoire et voyant que je vivais seul et en total décalage avec ce monde, il me proposa d'aller entretenir sa maison de campagne se trouvant dans le Nebraska, à Midwest-city.
C'est alors que chez lui, pendant trois jours, je me décrassai le corps et
l'esprit ; l'écoutai me parler de ses ex-compagnes toutes décédées ; d'ailleurs, c'est dans un de ces moments chauds de confessions qu’il m’avoua son âge : quatre-vingts ans. Sous
la douche, juste pour m'amuser, j'imaginai mon corps à cet âge avancé : le visage bouffi par l'alcool, les couilles fripées par trop ou pas assez de cavalcades et surtout le cerveau ennuyé
de ne plus avoir ces multiples choix que j'eus auparavant.