Le plan de réduction des déficits publics présenté hier mercredi 24 août 2011 par le Premier ministre va évidemment dans le bon sens. Car, comme il l’a dit lui-même en commençant sa présentation, «le seuil de tolérance à l’endettement est désormais dépassé».
Pour lui, cette nécessité résulte non pas de la tempête financière, mais de la révision à la baisse des estimations de croissance de lʼéconomie française pour 2011 et 2012. Comme si la croissance était une variable exogène.
Alors quʼen fait, les deux phénomènes sont intimement liés : les marchés financiers ne font que prendre acte du fait que les Etats se révèlent incapables de présenter des plans sérieux de remboursement.
Les Etats avaient dit : «On va faire des déficits pour relancer la croissance», et cette thérapie sʼest révélée un échec cuisant. Cʼest un fait.
Et quand on se trompe, il faut faire marche arrière. Cʼest-à-dire se serrer la ceinture. Le gouvernement, hier, est loin dʼêtre allé jusque-là…
- Dʼabord sur les perspectives de croissance :
Les services de Bercy pensaient pouvoir tabler sur 2% en 2011 et 2,25 en 2012. En application dʼun scénario de sortie lente de crise. Ils révisent à 1,75%. Quand le PIB de la France est à 2 000 milliards dʼeuros (et la dette à 1 680 milliards…), un demi point dʼécart représente 100 milliards.
Dans un pays où les dépenses publiques représentent 55% du PIB, cela fait 55 milliards qui ne sont plus financés. Ce nʼest pas rien…
Mais, aujourdʼhui, 1,75% de croissance en 2011 et 2012 sont encore moins crédibles que 2% et 2,25% lʼétaient il y a un an. En vérité une nouvelle récession est dans tous les esprits. 1% de croissance en 2011 et 0% en 2012 ne seraient pas si mal que ça…
Un milliard de réduction des déficits pour 2011 et 11 pour 2012 nʼest donc pas à la hauteur du problème. Un plan de 50 milliards eût été un minimum. Pour être crédible.
- Sur la nature des mesures prises.
90% portent sur des augmentations d’impôts et taxes. 10 % sur des économies. La bonne proportion aurait dû être à lʼinverse…
- Sur lʼarchitecture de ces mesures.
On grappille. On rabote. On gratte… Tout se passe comme si les dirigeants français actuels avaient toujours un train de retard.
Quand il était encore temps de faire de la rigueur, on a préféré continué à dépenser. Maintenant quʼil faudrait couper à la hache dans les dépenses, on y va avec une varlope…
François Fillon a dit «83% du plan porte sur les entreprises, les détenteurs de patrimoine et les ménages très aisés».
Une fois de plus lʼamalgame est fait entre les entreprises, les riches, les hauts salaires.
On pourrait se croire revenu au temps où il était de bon ton, à gauche, de dénoncer «le grand capital», comme disait un certain Georges Marchais. Cʼétait à la fin des années 70.
Finalement ce qui a changé depuis cʼest que le même discours est tenu, sans gêne, par un Premier ministre de droite. Qui, au demeurant, fait de son mieux…
Alain Dumait – www.dumait.fr
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