Martine Aubry et Jean-Louis Borloo se sont passés le mot. La maire de Lille candidate à la primaire socialiste a annoncé qu'elle baissera le salaire présidentiel et les rémunérations des ministres si elle est élue présidente en 2012. "Il faut montrer aux gens qu'on s'applique d'abord à soi-même ce qu'on va faire", argumente la Première secrétaire du PS Parti socialiste dans un entretien à paraître demain dans Le Parisien-Aujourd'hui en France.
Le 23 août, dans le même quotidien, Jean-Louis Borloo dévoilait "le plan Borloo" censé rapporter une vingtaine de milliards d’euros et ramener le déficit autour de 3% du PIB.
L'ex ministre de Nicolas Sarkozy met à cet égard un sacré coup de patte à ses anciens amis du gouvernement en rejetant la formule empruntée à Margaret Thatcher selon laquelle "There is no alternative" (TINA) à l'austérité. "Oui bien sûr, il y a une alternative. On peut très vite revenir dans un système vertueux sans toucher aux revenus des ménages, ni à l’activité économique, ni aux prestations sociales, mais en taxant le capital et les très hauts revenus. Les revenus du capital sont moins fiscalisés que le travail. Un professeur, un ouvrier, une infirmière ont un taux d’imposition supérieur à celui qui vit des rentes du capital. C’est indécent. On peut tout de suite augmenter de 19% à 25% le prélèvement forfaitaire libératoire qui s’applique au rendement du capital financier. Cela rapporterait deux milliards d’euros par an. Je suis également favorable à une nouvelle tranche d’imposition de 46% pour les hauts revenus. Et pour les très, très hauts revenus, c’est-à-dire plus d’un million d’euros par personne, je propose d’instaurer une taxe exceptionnelle de 4% pendant trois ans. Enfin, les grandes entreprises paient moins d’impôts que les petites. Donc je propose pour celles qui sont cotées en Bourse, une taxe de 2% sur les bénéfices".
Le "plan Borloo" ne néglige pas l'exemplarité venue du haut. "Je souhaite qu’un effort visible soit fait sur les budgets de communication, les frais de bouche, les voitures de fonction des ministères et des grandes collectivités. Dans beaucoup de pays d’Europe, les ministres se déplacent en tram ou en transports collectifs. Il faut revoir nos palais nationaux, avoir des bureaux normaux" estime l'ancien avocat d'affaires.
Cerise sur le gâteau, Borloo suggère que les membres du gouvernement et les parlementaires décident spontanément une baisse de 5% de leurs revenus.
Un sentiment que ne partage pas Valérie Pécresse. Invitée de France Inter ce matin, la ministre du Budget avance que "les efforts sont équitablement répartis entre les revenus" et que "nous ne baissons à aucun moment la rémunération de quelqu'un". "Ca serait purement symbolique et ça ne rapporterait rien".
Un argument qu'avait déjà prévu Jean-Louis Borloo : "Ce n’est pas cela qui va changer le déficit du pays, mais ça veut dire qu’on se mobilise et ça a valeur d’exemple".