Le jazzman new-yorkais Richie Beirach nous dresse le portrait du Tokyo qu'il aime, seul au piano. Le raffinement et le courage face à la mort japonais ainsi que les lumières de la ville n'auraient pu trouver plus bel ambassadeur jazzistique. 12 haïkus, 12 pièces courtes et denses. Fidèlement à cette forme poétique, Beirach dit l'évanescence des choses plus qu'il ne dit les choses. Il s'affranchit cependant des codes rigoureux du haïku pour laisser libre cours à son imagination fertile et à son sens de l'improvisation. Beirach évoque la beauté des cerisiers en fleur, les drames nucléaires, les catastrophes naturelles, le cinéma de Kurosawa, la musique de Takemitsu, l'épique, le théâtre Kabuki... les mélodies sont splendides, le peu dit tout. Qui d'autre que ce compagnon de route de Stan Getz et Dave Liebman, ancien membre du cultissime quartet Quest, de formation classique et grand explorateur musical, pouvait traduire avec autant de justesse et d'émotion l'alliance de l'ancestral et du moderne de cette ville presque hors-temps.