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L’âne de Buridan

Publié le 21 février 2008 par Jlhuss

L’âne et l’éléphant, par French Fry (en direct d’Honolulu…)

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Il n’est pas partisan, juste évident, de dire que le seul combat qui vaut d’être suivi désormais avec attention durant cette première étape des élections américaines est celui des démocrates. Le camp républicain, en la personne de McCain, a déjà fermé le ban. Le pasteur chantant se maintient histoire de passer un peu le temps et d’amuser les familles. Le week-end dernier Huck’ a même interrompu sa campagne pour donner une conférence privée et rémunérée… Il faut bien vivre. À force de déclarations rases mottes, notre Old John a bien endossé le conservatisme qu’on lui disputait: « Je poursuivrai Ben Laden jusqu’aux portes de l’Enfer » (Début Février / vintage 2001), ou « j’aimerais remettre la main sur le Cubain qui a torturé mes amis prisonniers de guerre » (19 février / vintage 1962) lancé à un pauvre journaliste qui lui demandait ce que lui inspirait le départ de Fidel… Comme tout bon vétéran, comme Rambo (NDA : il est repassé à la TV il y a peu, c’est encore frais dans ma mémoire), Old John porte son traumatisme en amulette, montre ses cicatrices, sa grande fêlure. Gageons que cela ne suffira pas à faire de lui le candidat de l’avenir. Si les USA devaient le choisir, il faudrait y voir le signe incontestable d’un repli définitif sur soi.

Tout d’abord, aidons nous des chiffres : mathématiquement, avec le système proportionnel en vigueur chez les démocrates, il est impossible aujourd’hui, et jusqu’à la convention de l’été, que Mrs H ou Mr O remporte l’adhésion des 2025 délégués requis pour obtenir une nomination claire. C’est impossible. Le nombre des délégués restant à répartir à la proportionnelle n’est plus suffisant. La guerre électorale est terminée. La guerre psychologique s’engage.

L’élan d’Obama ne semble plus se démentir. Parti avec un handicap de notoriété, il a désormais “the momentum”, la grosse baraka. Les chiffres comparés montrent que, depuis un mois, il creuse l’écart avec Mrs H qui vit « sur ses réserves » … Big flashy smile (il faut dire que le sourire du bonhomme tue !) en est à sa 10e victoire consécutive. Aux Etats-Unis ça compte. Même les pas de Hula de Chelsea à Hawaï n’ont pas suffi à divertir l’électorat de ce coup de foudre : le résultat d’Obama dans sa « patrie » (il est né dans l’île) est écrasant : 78% de voix. Monsieur O est partout en une des news, websites, vidéos, journaux TV, et affiche son large sourire. Les enquêtes d’opinion assènent qu’il serait vainqueur en novembre face aux républicains. Il est devenu « légitime », ce qui n’était pas le cas fin janvier. Il doit désormais convaincre sur les idées, le fond, les chiffres, les plans.

De son côté, Hillary rame. Elle est fatiguée, elle est agressive. Mais, elle n’en est pas moins redoutable et déterminée. Son clan derrière elle également. Les Clinton sont riches de toutes les connections possibles au sein du parti, et ce depuis 1992. Les fameux supers délégués sont les anciens présidents, vice-présidents, gouverneurs, sénateurs, maires et notables de la mandature Clinton. Ces « patrons » de l’étable ne voteront qu’à l’été, en ajoutant leurs voix à ceux des simples délégués. Ils peuvent prêter allégeance à O ou H, ils peuvent surtout changer d’avis à tout moment… Déjà, des supers délégués afro-américains, écoeurés par les manoeuvres Clinton, changent de camp…

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Il est désormais clair qu’Hillary se battra jusqu’au bout, jusqu’à la dernière primaire à Porto Rico, en Juin. Elle l’a fait savoir, elle le dit et le répète, comme si cette attitude gageait de sa capacité même à gouverner : « I stand therefore I am » (je persiste et donc j’existe). À ce jeu, le parti démocrate prend le risque de la scission. Les personnalités sont tellement fortes, les camps tellement bien constitués que les blessures encaissées là pourraient être fatales face au « véritable » adversaire républicain. Les attaques se font plus rases : Mrs H accuse Obama de plagiat, de vains discours, de dérobade, d’avoir payé des supers délégués etc.… Certains journaux sérieux affirment en effet “qu’Obama aurait donné des contributions d’un montant de plus de 550 000 US dollars aux supers délégués depuis quelques mois”. De son côté, Mr Change se méfie de la dame, sait qu’il ne faut pas l’attaquer de front (c’est quand même une femme …), n’appuie pas sur le fait que son gros Bill louvoie tous azimuts. Il tente de l’entraîner sur des terrains précis : son vote pour la guerre en Irak (rappelons qu’Obama est le seul candidat en lice à l’avoir refusée), pour le NAFTA (North American Free Trade Agreement) qui permet une libre circulation des biens entre Canada, USA et Mexique, et qui aurait fragilisé les entreprises américaines … Bref, les couteaux s’aiguisent.

L’issue du choc entre Clinton et Obama si incertaine que le parti est tenté, poussé par Hillary, de remettre dans la balance les résultats des primaires de Floride et du Michigan. Rappelez vous que ceux-ci avaient été mis de côté – non comptabilisés-, accusés d’avoir avancé volontairement leurs élections début janvier 2008 pour se faire « mousser ». Prise bien avant tout ceci, la décision d’écarter les mauvais joueurs avait donc privé Obama d’une campagne dans ces états qui ne le connaissent pas bien et sur lesquels il n’a pas pu « travailler». La seule à avoir naturellement tiré son épingle du jeu, sur une question de notoriété, était Hillary. Le camp Clinton réclame de plus en plus fort une prise en compte des résultats des élections. Maintenant que les délégués manquent pour départager efficacement les combattants, une bataille juridique pourrait avoir lieu, qui serait néfaste pour l’image des démocrates et la pratique politique américaine en général… Après les bulletins mal perforés en Floride en 2004, une lutte à mort en 2008… La mort de l’âne cette fois… Le débat tourne donc autour du thème suivant « rules or principles ? » Doit-on tenir compte des 2 millions de personnes qui se sont déplacées vers les urnes ? Pourtant ces deux états n’ont pas respecté les règles… Faudra-t-il envisager un second vote pour ces deux états ? Suspense. Le parti démocrate, en émoi (Al Gore fait confirmer par son attaché de presse qu’il refuse de se prononcer pour l’un ou l’autre…), songe toutefois à “un deal entre les deux” en cas d’égalité, négociation que mènerait Howard Dean, le président du parti, en fonction des résultats du 4 mars (Texas et Ohio) et aussi de ceux du 22 avril en Pennsylvanie.

Et, last but not least, la bataille des clips est en cours. Après le Obamesque “Yes we can », on dit que notre Hillary – qui décidément ne lâche rien- travaillerait à un remake, intitulé « Yes, we will ». Pour l’Ohio, état « ouvrier » et travailleur du “night shift”, elle n’a pas hésité à se mettre en scène dans une nouvelle publicité, oeuvrant seule, à la lueur de la lampe, tandis que la voix off commente : “She’s worked the night shift, too”. Après la France qui se lève tôt, voici l’Amérique qui se couche tard…

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See ya !


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