"Quand j'avais une douzaine d'années, je fréquentais à Jérusalem une école religieuse de garcons, très puritaine, quasi victorienne, si tant est que l'on ait su qui était Victoria. Un jour, l'infirmière de l'école, la femme la plus intrépide que j'aie jamais connue, affronta les tretnte-cinq, voire les quarante gamins de la classe. Deux heures durant, après avoir fermé la porte et les fenêtres, elle nous révéla les choses de la vie sans rien nous épargner: les mécanismes et les processus secrets, ce qui devait pénétrer où, les trompes, les tuyauteries et le reste...Je me rappelle notre effroi quand, après cette description détaillée, elle mentionna les deux monstres de la vie sexuelle, pires qu'Al-Qaïda et le Hezbollah réunis:la grossesse non désirée et les maladies vénériennes. J'étais complètement sonné, je m'en souviens en sortant de classe. Si j'avais bien compris la technique, je ne voyais pas ce qu'un individu sain d'esprit avait à y gagner dans cette galère. Apparement cette brave dame avait omis de nous signaler que l'on pouvait également en tirer du plaisir"
Ce passage est tiré du livre Comment Guérir un Fanatique de l'auteur Israélien Amos Oz. Page 10. Ce splendide petit livre de 77 pages réuni trois textes de l'auteur sur la difficulté d'Israël et de la Palestine à cohabiter. Au bout de ce livre tout en disgressions du genre évoqué plus haut, on arrive à comprendre que le proche-orient a une sérieuse longueur d'avance sur l'étude du fanatisme et de ses excès.
En Libye, c'est assez extraordinaire ce qui se passe en ce moment.
On passe de rebondissements en rebondissements. Un fils de Khadafi est capturé. OUps! Il réapparait en soirée faisant un pied de nez au rebelles et aux caméras du monde entier. " 'M'avez pas pogné bande de nuls!"
Par un effet domino auquel les réseaux sociaux ont largement contribué, les habitants de la Lybie ont choisi de se payer enfin une nouvelle liberté. De se payer la tête de leur chef. Plus de 4 ans au pouvoir est toujours douteux. Le tissu social a explosé.
Mouammar Khadafi a été financier du terrorisme international mais, principalement grâce au ressources pétrolière de son pays, il est aussi devenu avec le temps, un partenaire commercial important pour les occidentaux. Ces gens mêmes contre qui il se posait en s'installant en poste en 1969. Inspiré de Nasser (Egypte) et de Boumedienne (Algérie) c'est pour une vision du monde pro-arabe mais aussi anti-occidental que le caporal s'était lui-même promu colonel.
En Tunisie et en Égypte c'est la rue qui a renversé ses despotes. Cette fois en Lybie, l'OTAN, l'occident dont le Canada pendant un temps, est venu en aide à la lutte des rebelles.
Ce que l'OTAN ne fait pas en Syrie où pourtant la situation est la même. En Syrie le risque d'intervention millitaire est toutefois beaucoup plus risquée, le pays est nettement mieux organisé. Les proches liens de la Syrie avec l'Iran et les riches pays Arabes rendent les interventions étrangère beaucoup plus compromettantes. C'est en quelque sorte une porte ouverte sur une troisième guerre mondiale.
Mais cette alliance OTAN/Rebelles Lybiens laisse bien des gens inconfortables. Les plus simplistes y voient un intérêt (vrai) de l'OTAN pour le sol pétrolier de l'endroit. En Irak le pétrole est très Russe et très Chinois et ils ne se sont jamais impliqué dans cette sale guerre.
Les plus informés savent que le problème est beaucoup plus complexe. On parle d'arabisation, de religion, d'application de la charia et de fierté individuelle. Des choses difficiles à évaluer sur papier ou sur une calculatrice. Le portrait réèl du Lybien restera toujours une vision d'occidental informé qu'à moitié.
Les dictatures qui sont tombées cette année ont toutes bien servies l'occident. Qu'est-ce qui est légitime et qu'est-ce qui ne l'est pas dans ce conflit? Je crois que la réponse est toute en nuances dans un conflit tout ce qu'il y a de plus brute.
J'écoute en ce moment l'excellent série télé Rome*, la première saison. Cette série, fictive mais quand même inspirée de la réèlle chute de la république et naissance de l'empire romain, fait côtoyer les plus subtiles tractations politiques avec des combats et un quotidien extrèmement brutal. Une violence quand même lêchée** parce qu'on parle ici de télé. Les parrallèlles entre l'Italie de 48 avant Jésus-Christ et la Lybie de 2011 sont nombreux.
Je n'ai aucune difficulté à imaginer des violences plus extrèmes encore et tout ce qu'il y a de plus vraies dans les rues de la Lybie. La guerre ne faisant jamais dans la subtilité.
Je suis perplexe quand au soutien occidental dans ce conflit. Je ne verserai pas de larmes à la chute complète de Khadafi mais comme l'évoque Amos Oz plus haut dans son livre sur le fanatisme, peut-être n'avons nous que 12 ans en âge militaire.
Et peut-être a-t-on oublié de mentionner que nous éprouvons parfois un grand plaisir à bombarder de l'arabe.
À un certain moment dans la série Rome***, Pompée, l'ancien frère d'arme maintenant ennemi de Jules César, dira de lui "He needs the people and without the people he has nothing".
C'est ce qui arrive à Mouammar Khadafi.
*Corrigez-moi si je me trompe mais en télé il y a HBO et les autres ne sont que pâles essais right?
**Mais extrèmement violente selon les standards habituels de télé quand même.
***Suis tombé amoureux de Kerry Condon, guess what? yip, an irish babe!