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Hybridité

Publié le 25 août 2011 par Toulouseweb
HybriditéAir Berlin victime de ses illusions.
C’est une véritable descente aux enfers : la compagnie allemande Air Berlin se débat dans d‘inextricables difficultés financičres, son pčre-fondateur Joachim Hunold a démissionné et la direction ad interim a été confiée ŕ Hartmut Mehdorn. Ce dernier, ancien haut dirigeant d’Airbus, avait notamment présidé aux destinées de DB, les chemins de fer allemands, avant de faire ce grand retour inattendu dans le monde de l’aviation.
Les problčmes d’Air Berlin secouent soudainement l’industrie des transports aériens tout entičre. Ils relčvent, certes, d’une gestion plutôt aventureuse, mais cela en raison de Ťnon-choixť stratégiques. Ou, si l’on préfčre, de la conviction trčs audacieuse qu’un modčle économique hybride, mi-low cost, mi-compagnie classique, peut fonctionner correctement et conduire ŕ des résultats financiers acceptables. De toute évidence, ce n’est pas le cas.
Selon les moments et les circonstances, Air Berlin s’est présentée, au fil de ces derničres années, comme la plus grande compagnie low cost allemande, la troisičme low cost européenne (aprčs Ryanair et EasyJet) et la deuxičme plus importante compagnie allemande, derričre Lufthansa. Tout cela est vrai, bien sűr, les chiffres le prouvent éloquemment, mais c’est aussi un tableau empreint de sérieuses contradictions économiques.
Air Berlin dessert actuellement 163 destinations, ŕ travers l’Europe et le monde, avec une flotte de 169 avions, occupe 8.900 personnes et a transporté 33,6 millions de passagers en 2010. C’est donc une compagnie de dimensions respectables, qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 3,7 milliards d’euros mais enregistre de longue date des pertes, 97,2 millions d’euros l’année derničre. L’historique de l’entreprise explique largement ses difficultés, sachant qu’elle a grandi trčs vite par croissance externe. C’est elle qui a racheté Deutsche BA (filiale low cost de British Airways au destin malheureux), le charter long-courrier LTU, la compagnie de Niki Lauda, etc. Un patchwork qui, sous prétexte de complémentarité de ses composantes, est parti dans tous les sens.
A tort, des analystes inspirés ont pourtant cru qu’Air Berlin dessinait les contours d’un nouveau modčle économique capable de concilier low-cost et Ťlegacy carriersť, dans le jargon de la profession. De toute évidence, ce n’était pas possible, d’autant qu’il aurait fallu réussir la cohabitation de cultures d’entreprises construites sur des bases pour le moins divergentes. D’oů l’échec cinglant qui se traduit aujourd’hui par des bouleversements au sommet de l’organigramme de la société et, surtout, l’annonce d’un plan de redressement baptisé ŤShape and Sizeť (en anglais dans le texte), en pratique un redimensionnement de la compagnie.
Elle va réduire sa flotte, probablement annuler ou reporter des commandes d’avions, fermer des lignes chroniquement déficitaires, confirmer son désir d’adhérer ŕ l’alliance Oneworld et, ce qui est apparemment inévitable, se recapitaliser d’une maničre ou d’une autre. Par ailleurs, le microcosme allemand bruisse de rumeurs au sujet de l’intéręt que susciterait Air Berlin auprčs de compagnies en quęte de croissance externe.
Ces derniers jours, il a ainsi été question d’Etihad Airways, dont on dit qu’elle observe la situation allemande depuis un bon moment. Une trčs éventuelle prise de contrôle lui donnerait accčs au coeur du marché européen, avec d’évidents avantages commerciaux. Dans le męme esprit, et pour les męmes raisons, le nom d’Emirates a également été mentionné.
Toujours au chapitre des rumeurs, précisément parce que Air Berlin cherche ŕ intégrer Oneworld, une association d’une forme ou l’autre avec l’International Airlines Group (holding de British Airways et Iberia) a été évoquée, tout comme le nom d’Air France-KLM a été mentionné. Ce n’est lŕ que pure spéculation, alors qu’Hartmut Mehdorn n’a pas encore tout ŕ fait pris ses fonctions. D’autant qu’il n’a probablement pas examiné dans le détail le plan Shape and Size ŕ propos duquel il aura forcément un avis.
L’heure du bilan, de toute maničre, n’a pas encore sonné. Tout au plus peut-on constater qu’Air Berlin est en grand danger, victime d’un modčle économique illusoire, irréalisable et utopique.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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