Ce sont les scientifiques qui le disent: l’eau provenant de la fonte du glacier de la Plaine-Morte aura presque entièrement disparu à la fin du siècle... Mais avant cette date, cette eau précieuse pourrait être profitable au tourisme et utile à l’agriculture ainsi qu’à la production d’électricité. Mais qui profitera de cette eau? Les habitants de la Lenk du côté bernois ou ceux de la région de Crans-Montana-Sierre du côté valaisan? Comme la situation hydrogéologique est très complexe dans la région du glacier, elle nécessite des clarifications. Pour y voir un plus clair, des scientifiques ont effectué un essai de traçage hier matin à la Plaine Morte; ils ont introduit des traceurs fluorescents – qui ne représentent aucun risque pour les êtres humains – dans trois moulins du glacier.
Suite à cette injection, l’équipe de recherche va effectuer des prélèvements aux plus importantes sources et ruisseaux des deux cantons (Berne et Valais). L’endroit et le moment où le traceur apparaîtra constitueront des données essentielles pour déterminer la direction et la vitesse de l’écoulement dans le glacier et dans le système karstique.
C’est en automne que les premiers résultats de la campagne de traçage seront connus. Gestion durable de l’eau L’essai de traçage est un élément important du projet de recherche MontanAqua du Fonds national suisse qui se terminera en 2013. Un équipe de recherche des universités de Berne, Fribourg et Lausanne se consacre à cette étude depuis début 2010: l’objectif est d’analyser les ressources en eau de la région Sierre-Crans-Montana en vue de présenter des options et des moyens d’action pour une gestion durable de l’eau dans cette région. Les chercheurs collaborent étroitement avec les autorités locales et régionales. Cette région dispose en principe de ressources en eau limitées, surtout si l’on considère les projections pour l’avenir. Les modélisations climatologiques indiquent que les températures moyennes annuelles augmenteront de 0.5 à 2 degrés et que la limite de la neige s’élèvera de 100 à 400m. Ceci aura des répercussions sur la disponibilité et la consommation d’eau.
Les résultats obtenus jusqu’à présent montrent que l’on pourrait remédier à ces problèmes par une gestion plus attentive et durable de l’eau. Il faudra donc élaborer des solutions permettant une exploitation plus efficace de l’eau afin de contenter aussi équitablement que possible tous les utilisateurs. Les projets nationaux de recherche (PNR) – dont le glacier de la Plaine Morte fait partie – sont au nombre de seize. Ils sont organisés en deux clusters, qui se chevauchent partiellement et qui interagissent entre eux. Le premier cluster s’intéresse aux glaciers, aux eaux souterraines et aux événements extrêmes alors que le second traite de la gestion de l’eau. Le programme dispose de 12 millions de francs pour une période de recherche de quatre ans.
Source: Le Nouvelliste, Christian Dayer