Les Femmes du Sixième Etage // De Philippe Le Guay. Avec Fabrice Luchini, Sandrine Kiberlain et Natalia Verbeke.
Phillippe Le Guay, réalisateur de comédie du genre de Du Jour au Lendemain ou de assez mauvais Le Coûte de la Vie, revient ici avec un véritable ode à l'amour d'un cinéma presque oublié. Encore Ozon et Resnais seraient presque jaloux de voir Fabrice Luchini choyer ce film de par une prestation mi-théâtrale. Le film offre un ton intéressant et bien intégré à l'histoire qui se veut à la fois jouant sur la lutte des classes mais également sur une romance plutôt bien traitée, avec justesse sans trop en faire. Rappelant que l'amour va au travers de la classe sociale, Le Guay guète un film à l'oraison voluptueuse et surtout distingué. Le chose des générations, l'intégration du monde des années 60 parisien et livrant ainsi une comédie douce et amère à la fois, qui peut parfois nous donner envie de danser à l'espagnol.
Paris, années 60. Jean-Louis Joubert, agent de change rigoureux et père de famille « coincé », découvre qu’une joyeuse cohorte de bonnes espagnoles vit... au sixième étage de son immeuble bourgeois. Maria, la jeune femme qui travaille sous son toit, lui fait découvrir un univers exubérant et folklorique à l’opposé des manières et de l’austérité de son milieu. Touché par ces femmes pleines de vie, il se laisse aller et goûte avec émotion aux plaisirs simples pour la première fois. Mais peut-on vraiment changer de vie à 45 ans ?
Ce qui frappe en premier avec ce film c'est cette mise en scène rappelant le théâtre et le vaudeville (sans en être un). C'est pas trop léché, on ne fait pas dans la démesure, loin de là, c'est ce qui rend presque ce film intemporel, là où Ozon tuait dans le lard les années qu'il traité dans Potiche (qui reste à mes yeux le pire film du réalisateur français). Mais ce que le film réussi aussi c'est son cast. Il est à la fois joyeux et fantasque. Ce que l'on attends de cette comédie fraîche et pleine de bons sentiments comme on sait en faire uniquement en France. C'est justement ça aussi, c'est presque un film de terroir tellement il transpire la France et j'aime ça. L'histoire en elle même est plutôt bien maitrisée du début à la fin, offrant des bons moments (notamment avec les enfants, que j'ai trouvé très drôle, ou bien les désopilants commérages géniaux).
Ainsi, le scénario est habilement écrit et nous offre ce que l'on attends de ce film. C'est fin, on en redemande parfois. Mais évitant justement la surenchère, le film nous propose un étalage d'idées judicieuses sur la bourgeoisie, l'exploitation des bonnes à cette époque, la vie de communauté, le choc des cultures, le socialisme, … Un film qui joue donc dans la jolie cours de son immeuble sans trop en faire. C'est aussi ça le cinéma français, se dessinant dans un paysage plus modeste et souvent bien meilleur (c'était notamment le cas du très très bon Les Emotifs Anonymes, jouant la candeur à plein nez mais réussissant haut la main). Alors voilà, je vous conseille vivement ce petit film plein de poésie.
Note : 7/10. En bref, une comédie charmante et allègre qui joue sur le choc des classes avec malice et faculté, tout en imposant une romance d'un autre temps.