Une reliure en peau humaine... ou les belles épaules de Madame X

Par Hugues
Amis Bibliophiles bonjour,

J'avais publié il y 2 ou 3 ans un article sur les reliures en peau humaine, article qui fît un peu de bruit, et qui reste l'un des messages les plus lus sur le blog.Grâce à Valérie, je le complète aujourd'hui avec un intéressant extrait Carillon du boulevard Brune (bulletin bibliographique de la Collection Guillaume, août 1894):

"Vous avez sans doute entendu parler de cette belle madame X... qui a légué ses épaules à M. C. F., notre illustrissime compteur d'astres. 
C. F. avait, lors d'un diner chez la défunte, paru apporter. — en tout bien tout honneur, — une attention particulière a ces épaules qui étaient de toute beauté. Mme X..., devant l'admiration du poétique astronome, lui promit de lui léguer lesdites épaules, sous condition qu'il se servirait de leur cuir satiné pour faire relier le premier exemplaire de son prochain volume.  Chacun crut à une boutade de grande dame, mais C. F. fut mélancoliquement surpris, un an après, de recevoir les deux pauvres épaules, et ne put se refuser d'accomplir le vœu de la morte. 
Aujourd'hui, hélas ! ce qui demeure des épaules de Mme X... recouvre un gros bouquin sur la Fin du monde ou le Voyage des âmes, je ne sais plus au juste.  Sans pousser mes lecteurs jusqu'à se faire léguer les épaules des dames de leur entourage — genre de captation qui finirait par des procès — je leur signalerai une utilisation de dépouilles opimes. Pêcheurs, chasseurs, sachez que, disciple moi-même de saint Hubert et fervent de la ligne, ma collection est reliée avec les dépouilles de mes plus belles prises, depuis le brochet en passant par le phoque, jusqu'au sanglier, au hérisson, à la loutre, à l'hermine. On ne saurait croire quel prix cela donne aux livres — et quels souvenirs se lèvent tandis qu'on flâne dans la bibliothèque, quels rappels de beaux coups de fusil, de pêches miraculeuses, d'inoubliables heures passées en barque — un livre et des armes pour tous compagnons — ou en courses dans la montagne et la plaine, parmi les paysages sans bornes ou sous le couvert bruissant des hautes futaies !"
H & V