Il y a quelques années, nous avions chroniqué Le bibliothécaire en l'émaillant de quelques citations :
«La droite stigmatisait depuis tant d'années le New York Times en tant que vaisseau amiral des médias de gauche que tout le monde avait fini par le croire, y compris la gauche elle-même, y compris les propres collaborateurs du Times.»
Plus loin, Larry Beinhart ajoute :
«Mais la vérité, c'est que le Times était le bulletin interne, le journal d'entreprise de la classe dominante et de l'ordre établi.»
Ce que dit l'auteur s'applique parfaitement à un quotidien du soir.
Aujourd'hui, en lisant Le Monde en diagonal, nos yeux se sont arrêtés sur un titre :
«Les riches ont été les grands bénéficiaires des années d'avant la crise.»
L'article se réfère à ces richissimes riches qui proposent, en prenant l'opinion à témoin, aux plus hautes autorités de l'État de les taxer, exceptionnellement, pour réduire le déficit budgétaire et empêcher la dégradation de la note de la France. [1]
Mais revenons à l'objet du présent billet...
Ce titre est exceptionnel !
«Les riches ont été les grands bénéficiaires (...)»
Jusque-là tout va bien, la phrase tombe dans l'évidence ou le pléonasme. Elle semble dire que nous avons tous bénéficié «des années d'avant la crise» : la croissance, l'Etat providence, la sécurité sociale, etc... et dans ce tableau, «Les riches ont été les grands bénéficiaires (...)» ! CQFD
Lisons la suite du titre :
«(...) des années d'avant la crise.»
C'est à ce moment là de la phrase que la compréhension n'est plus si évidente : à quel moment se situe «des années d'avant la crise» ?
Hein ?
Intrigués au plus haut point, nous dûmes lire entièrement l'article... [2]
D'ailleurs, le journaliste ménage le suspens en ne mentionnant pas noir sur blanc une année : il démontre, d'une part combien les écarts de revenus et les inégalités se sont envolés entre 2004 et 2010, et d'autre part que la politique fiscale a favorisé cette tendance, surtout sous Sarkozy. Néanmoins, au dernier paragraphe, il apporte un indice :
«Une inflexion est à l'œuvre depuis deux ou trois ans. Notamment en raison des contraintes budgétaires.»
Aussi, pour notre plumitif, «des années d'avant la crise» se situent avant 2008 ou 2009 ! A contrario, avant 2008 ou 2009, c'était donc la prospérité économique et sociale !
Nous, braves citoyens, mal informés, voire désinformés par la propagande du Front de gauche, des syndicats et de l'internet non civilisé, pensions que la crise remontait à plus loin ! A une bonne vingtaine d'années, voire plus...
Que nenni !
Remarquez, penser que le début de la crise se situe en 2008 ou 2009 est tellement énooooorme que ça ressemble à de l'humour noir... mais ce n'est pas le style du quotidien de référence !
Allons, soyons sérieux, les articles du Monde sont écrits par des journalistes, des vrais, des durs qui ont leur carte, leur formation, leur déontologie, leur objectivité et qui vérifient tout : rien à voir avec des blogueurs qui répandent des rumeurs et de fausses informations !
Donc, pour Le Monde, 2011 est l'an 2 ou 3 de la crise ! [3]
Notes
[1] pour en savoir plus, nous vous conseillons de lire : Pensez Bibi - Pauvres riches ? Faut-il croire Maurice Lévy ?, les échos de la gauchosphère - L’ascenseur social s’est arrêté (devant la suite de DSK; Superno - “Austérité” sans frontières); Pamphile - "TAXEZ-NOUS UN MAX !" HURLENT DES RICHES...
[2] Le Monde - Les riches ont été les grands bénéficiaires des années d'avant la crise
[3] Les médias dominants ont vraiment une mémoire de poisson rouge...