Les mélanocytes sont essentiels pour la santé de la peau et sa protection, et leurs déficiences chez l'homme conduisent à un large éventail de maladies. À ce jour, l'analyse des mécanismes moléculaires et de la fonction des mélanocytes humains est restée limitée en raison des difficultés à accéder à un grand nombre de cellules avec des phénotypes spécifiques. Ce problème peut désormais être résolu grâce à cette identification du protocole de différenciation qui permet d'obtenir des mélanocytes à partir de lignées de cellules souches pluripotentes, soit induites soit d'origine embryonnaire.
Des cellules souches aux mélanocytes: Après avoir reconstitué un épiderme à partir de cellules souches pluripotentes en 2009, l'équipe de Christine Baldeschi de l'Institut I-STEM (Inserm) vient d'obtenir in vitro, avec la même stratégie, des mélanocytes fonctionnels, ces cellules qui pigmentent la peau et la protègent des rayons UV. En libérant de la mélanine, le pigment qui colore la peau, les mélanocytes protègent les autres cellules de l'épiderme (kératinocytes) des effets des rayons UV. L'équipe est aujourd'hui parvenue à identifier le procédé de différenciation permettant de dériver des cellules souches, d'origine embryonnaire (hES) ou induites à la pluripotence (iPS), en mélanocytes capables de produire de la mélanine et de s'intégrer à l'épiderme.
Une alternative thérapeutique à l'autogreffe: Cette ressource cellulaire illimitée pourrait également à terme être proposée, comme alternative thérapeutique, aux patients atteints de troubles de la pigmentation de la peau, d'origine génétique ou non, tels que le Vitiligo. A l'heure actuelle, la thérapie cellulaire utilisée pour traiter les troubles de la pigmentation de la peau, est réalisée par autogreffe, une stratégie efficace que s'il existe des zones non atteintes à côté des zones hypopigmentées.
Pour les chercheurs, "ces cellules « toutes prêtes » seront proposées pour le traitement des patients atteints de Vitiligo mais également pour d'autres pathologies affectant la pigmentation pouvant être d'origines génétiques telles que les syndromes de Waardenburg et le syndrome de Griscelli". Enfin, cette recherche, cofinancée par le Téléthon, permettra de mieux comprendre les mécanismes qui guident le processus de développement de la peau et de faciliter l'analyse des mécanismes moléculaires responsables de maladies génétiques.
Source: Proceedings of the National Academy of Sciences,doi: 10.1073/pnas.1019070108 PNAS August 19, 2011 "Functional melanocytes derived from human pluripotent stem cells engraft into pluristratified epidermis" et Communiqué Inserm « Une peau pigmentée grâce aux cellules souches » (Visuel Inserm© I-STEM (I-STEM/Inserm UEVE U861/AFM- Vignette © I-STEM (I-STEM/Inserm UEVE U861/AFM « coculture de mélanocytes (en vert) et kératinocytes (en rouge) »)