Sexe, mensonges et video

Publié le 24 août 2011 par Mpbernet

Ce fut, je me souviens, l’intitulé d’un célèbre film, palme d’or au Festival de Cannes (1). Aujourd’hui, après 3 mois et dix jours d’un feuilleton qui a secoué le monde entier, ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire DSK trouve une conclusion judiciaire que personne n’attendait au matin du dimanche 15 mai.

Quel gâchis ! Quelle épreuve aussi excessive qu’injuste pour cet homme brillant mais à la chair faible, quels dégâts pour ses proches en politique et pour sa famille éclaboussée à jamais par les images brutales de la télévision américaine ! Quel dommage pour le débat démocratique qui s’annonçait lors des prochaines Présidentielles. Car il faut bien en convenir, DSK était le meilleur candidat de la Gauche ….

Sans gloser à l’infini sur les circonstances et les mystères que nous ignorerons sans doute à jamais, je pense à la notion de mensonge, et à sa valeur relative dans des cultures différentes. Particulièrement proscrit dans la culture protestante américaine, il y est jugé parfois plus grave encore que le forfait. Souvenons-nous de Bill Clinton contraint de confesser en direct sa faute …Dans certaines cultures, en revanche, il n’est pas aussi maudit et ressort de l’interprétation relative de la vérité, d’une certaine forme d’habileté dialectique ou, parfois, d’un devoir vis-à-vis d’une autorité considérée comme illégitime, et pas comme un pêché, notion exclusivement chrétienne. Chez nous, c’est selon, surtout en politique, et sans doute dans les médias : que celui qui est plus malin et mieux informé que son voisin démêle le vrai du faux, « vae victis » et que le meilleur comprenne….

Dans cette affaire, quoi qu’il ait pu se passer, c’est sur la preuve de ses mensonges passés que les déclarations de Nafitassou ont conduit le Procureur à abandonner les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn. En cela, la cause des victimes de violences sexuelles a subi une grave atteinte. On avait fait des progrès sensibles en prenant mieuxen compte leurs plaintes et leurs témoignages, aujourd’hui, il va falloir remonter le courant.

Quant au respect dû aux hommes politiques, qui n’a jamais étouffé nos concitoyens, il en a pris un rude coup dans l’aile ces derniers temps. Comment un personnage public à qui tout réussit, qui occupe une des fonctions les plus éminentes et prestigieuses du monde, jouît d’une fortune tout à fait considérable aux côtés d’une épouse aimante et indulgente (sans doute trop, peut-il s’abandonner à des pratiques sexuelles aussi déplacées ? L’âme humaine (le terme est peut-être mal choisi) a de ces trous d’air qui ressemblent à des actes manqués ou à des suicides virtuels incompréhensibles ….

(1) Steven Soderbergh, 1989.

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