Puisque de toute façon les crises (libyenne ou financière) ne nous laissent pas le temps de souffler, pour ce mercredi, j’ai décidé de joindre l’inutile au rigolo et de m’attarder un peu sur quelques unes de nos personnalité politiques du moment : bien que leur impact sur la vie politique du pays est presque absolument nul, elles font surface dans l’actualité du jour et réclament notre attention avec véhémence. Étudions donc ces amusantes bestioles.
Dans les petites bulles qui forment l’écume de ces derniers jours, on trouve pour commencer Ségolène Royal. Cela faisait longtemps que je n’avais plus tourné mon méchant regard de libéral fourbe vers la pauvrette du Poitou et affûté ma langue fourchue de capitaliste apatride sur ses saillies les plus comiques.
Ce n’est pas parce qu’elle n’a rien dit sur les derniers mois. Que nenni. En fait, c’est plutôt l’avalanche d’actualité de son côté, et nous n’avons été épargnés de ses radotages incohérents qu’à la fortune d’une actualité bien remplie.
Cette fois-ci, elle nous jette en pâture ses profondes réflexions sur la crise et apporte une réponse originale et pleine de peps à celle du président Sarkozy. Pour rappel, son idée de règle d’or consiste, dans un gros nuage opaque de rhétorique médiatique étouffante, à viser approximativement un retour vers un hypothétique équilibre budgétaire sur une période de temps mal cadrée avec des moyens indéfinis et des méthodes inconnues. On comprend qu’une idée aussi forte et précise ait déclenché des désirs d’avenir puissants chez Ségolène. Elle a donc saisi l’occasion, des deux mains, pour exposer ses propres règles.
Et elle n’en propose pas moins de quatre. C’est du lourd, ça oscille entre les surplus de l’armée russe catégorie camions lanceurs d’ICBM et les meilleurs blockhaus de Brest ou Saint-Nazaire : la présidente de la région Poitou-Charente estime qu’à la règle d’or sarkozienne, il faut ajouter la règle de diamant, d’argent, de fer et d’airain.
La règle de diamant vise à inscrire le principe de « Justice Fiscale » dans la Constitution. Le choix du diamant n’est pas fortuit : en frottant vigoureusement cette règle sur la constitution, plusieurs fois, la dureté de la pierre précieuse rendra cette dernière totalement opaque.
Pour le reste, c’est juste un florilège de n’importe quoi vibrant de bêtise. Outre la multiplication puérile d’adjectifs histoire de dire qu’elle peut, elle aussi, faire aussi bien, et même mieux que son Némésis, en alignant ainsi quatre matériaux, on se demande où elle va piocher ses idées tant leur exposition démontre l’inculture crasse de la dame en économie de base.
Ainsi, lorsqu’elle compte imposer exactement les PME comme les entreprises du CAC40, on ne sait pas s’il s’agit de considérer que les multinationales devront être imposées exactement comme des entreprises locales, ou si, au contraire, on assommera consciencieusement les PME avec les règles internationales que supportent les géantes du CAC.
Au demeurant, l’égalité en matière fiscale, je suis pour. Mais je suis aussi parfaitement pragmatique : confier la construction d’une telle égalité à une socialiste compulsive de l’interventionnisme d’état, c’est comme filer des allumettes à un pyromane assis sur des barils de poudre.
Quant à empêcher la spéculation sur les dettes des Etats, comme le mot « spéculation » n’est pas défini, on comprendra qu’il s’agit ici de pisser dans un violon. Et comme, en plus, elle n’a aucune oreille musicale, elle pisse faux.
Rassurez-vous : toujours côté socialiste assumés, on trouve aussi un frétillant teckel frisé qui ne se laissera plus faire. Arnaud Montebourg en a marre de toute cette vilaine finance qui fait rien qu’à spolier les gentils et les faibles. Alors Arnaud, il a retroussé ses manches, il a branché sa grimace de type pas content, et il mord.
Il suffira de se rendre sur son amusant bricolage Facebook pour se rendre compte que le petit malin qui gère son compte essaye de le faire passer pour un terrible molosse communiste puisque, je cite, Arnaud nous proposerait donc, sans rire :
- La prohibition de toute forme de spéculation par les établissements financiers avec l’argent de leurs clients
- La fermeture des filiales des établissements financiers situés dans les paradis fiscaux
- La séparation obligatoire des activités entre banques de dépôts et banques d’investissement.
- La mise sous tutelle des établissements bancaires exerçant sur le sol national
Ah, voilà les cœurs de l’Armée Rouge qui commencent à fredonner dans le fond, ça manquait.
Au passage, on notera la lubie répétée de la proposition 3, qui n’apporte absolument aucune garantie de rien du tout : en 2008, des banques, tant de dépôt que d’investissement ou les deux ensemble, ont du être sauvées d’un manque de liquidité à cause de la chute … d’une banque d’affaire (Lehman).
Quant à la proposition 2, le nombre de comptes plus ou moins secrets détenus par la plupart des politiciens et des hauts fonctionnaires dans les paradis fiscaux nous assure qu’elle ne sera jamais mise en application, ou alors avec de tels trous qu’ils ne risqueront pas de s’en trouver gênés. À la limite, cette seule proposition suffit à comprendre que le pauvre Arnaud ne sera jamais élu.
Et si l’on regarde de l’autre côté du spectre socialiste, vers l’UMP donc, tout en restant bien sûr dans la microscopie à balayage électronique, on trouve deux particules en légère effervescence.
Il y a tout d’abord François Baroin, qui fait l’intérim au Ministère de l’Economie et des Finances en attendant l’arrivée providentielle d’un type compétent. Mh oui pardon ?
Ah on me souffle dans l’oreillette qu’il ne s’agit pas d’un intérimaire. Ok. Je corrige.
Le stagiaire Baroin a donc décidé d’aller voir le ministre allemand de l’économie, au départ pour prendre quelques cours et découvrir les arcanes du métier, notamment l’option recto/verso à la photocopieuse et lui demander où sont les fournitures pour les boudins de reliures pour son rapport. Il semble en outre que personne ne lui a expliqué que la « règle d’or » de son patron, c’est un gros pipeau flou pour emmerder les socialistes du PS. On ne s’étonnera pas de le voir papoter avec papy Schäuble et de lui bourrer le mou avec cette idée ridicule.
Notez que le Teuton est poli et ne lui a pas gentiment fait remarquer qu’une règle d’or (genre bien définie et bien solide) existe depuis un moment dans la constitution allemande.
Quant à Fillon, après un rapide entretien avec le Chef de la Dette, il s’est attelé à la tâche : revenir à l’équilibre d’un budget en déficit de 3% pour un an après les élections présidentielles où il ne sera plus en poste et son patron sera parti.
C’est pas gagné.
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