têtes de cons et nihilisme en bermuda

Publié le 24 août 2011 par Hoplite

« Le socialisme a longtemps représenté une grande chose. Il a d’ailleurs été une chose avant d’être un mot, car le mouvement ouvrier, à l’origine, ne se définit pas toujours comme socialiste et moins encore comme de gauche. Lointain héritier des guildes et des corporations, né au XIXe siècle de la prise de conscience d’une solidarité d’intérêts entre les membres de la classe laborieuse, il rassemble des déracinés, fils et petits-fils de paysans brusquement jetés dans les grandes villes par la révolution industrielle et qui, menacés par le paupérisme, tentent à leur mesure de recréer des solidarités disparues et de contrôler les conditions de leur existence. Le socialisme naissant est d’abord cela : l’affirmation, face à l’aliénation du salariat et aux exigences du capitalisme bourgeois, des prérogatives du lien social, du vivre-ensemble grâce à des valeurs partagées. On aurait alors beaucoup étonné la classe ouvrière en lui disant que la gauche, c’était le refus des racines et la « chienlit ». Le socialisme, pour la classe ouvrière, c’était la solidarité et le sens du bien commun, la lutte contre le désordre établi, la revendication de plus de justice et de dignité. Les premiers socialistes se réclamaient de cette « common decency » dont George Orwell a fait l’éloge, de cette honnêteté ordinaire qui impliquait à la fois le refus de l’exploitation du travail, de l’égoïsme prédateur et du nihilisme jouisseur, en même temps qu’un certain conservatisme moral, le sens de l’honneur et de la parole donnée, le goût de la loyauté, de l’entraide et de la solidarité. Si elle était restée fidèle à ses valeurs d’origine, la droite de l’époque aurait dû se solidariser de cette protestation populaire contre le système de l’argent. A quelques exceptions près, elle ne l’a pas fait, habituée qu’elle était à croire à la raison du plus fort, infectée qu’elle était par l’esprit bourgeois dominant.

(…) Le socialisme a été remplacé par un moralisme humanitaire et pleurnichard, qui dénonce les « abus » ou les dysfonctionnements du système sans jamais en remettre en cause le socle de légitimité, la question du contrôle de l’économie n’étant plus jamais posée. Qu’on puisse aujourd’hui passer sans heurts de la direction du parti socialiste à celle du Fonds monétaire international (FMI) est à cet égard un symbole proprement étourdissant. Symbole de la dissolution du socialisme dans la mondialisation et de l’immense mépris envers les « gens de peu » de ceux qui vivent dans la bulle du paraître médiatique. » Alain de Benoist

Voilà. On mesure l’étendue des dégâts en comprenant que le gros satrape marakchi DSK, oligarque aussi puissant que néfaste, délinquant sexuel notoire et désormais libre de concourir à la primaire socialiste, reste l’espoir du camp progressiste. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter ou de lire la floppée de commentaires laudateurs émanant du cercle de raison cher au cuistre Minc.

Un de mes potes marqué à « gauche » (pas celle dont parle ADB ou Orwell, donc) et toujours prompt à stigmatiser –à juste titre- l’hubris du petit pitre vibrionnant qui nous sert de conducator tentait récemment devant moi de sauver le soldat DSK en louant au passage l’action généreuse du FMI…de quoi faire passer une bonne soirée au Hoplite moyen… On apprendrait demain que ce VRP obèse et vulgaire des puissants du moment fut membre actif de l’organisation ODESSA qu’on trouverait toujours de braves militants bien concons pour renchérir sur l’injustice faite à ce nouveau Dreyfus marakchi…incurables les mecs. Et toujours prêts à se faire tondre à chaque nouvelle représentation électorale.

Le « moralisme pleurnichard » de tous ces pitres (la célèbre et comique « lutte contre toutes les formes de discriminations » de tous les Dray et autres Désir) n’étant que le masque vertueux destiné à masquer l’hégémonie totale de la barbarie marchande si bien incarnée par cette figure de cul tremblant derrière son avocat coreligionnaire et l’abandon de toute questionnement social ou anthropologique. Lucien Jerphagon prétend que le christianisme contrairement au dogme qui en fait un élément liquidateur du monde romain, n’a surgi que parce que ce monde était déjà en décomposition avancée. Toutes les tentatives vaines et émouvantes de réanimation des vieux cultes païens (Julien, Dioclétien…) étaient vouées à l’échec : le chaos engendre autre chose. La béance énorme laissée par la disparition de toute formes de transcendance ne peut être comblée par ce fétichisme de la marchandise et la réification de toute chose et la « bonne gouvernance » avec laquelle se gargarisent tous les ballots raffarinesques et attalinoides du parc de loisirs désenchanté qu’est devenu l’Occident.

Les socialistes d’aujourd’hui sont des minables émétiques envoûtés par le fétichisme progressiste petit-bourgeois et l’imposture anti-raciste United Colors, à des années lumières du socialisme traditionnel et révolutionnaire d’un Orwell ou de la culture ouvrière d’un Sorel. Tous modernes et cons, agenouillés devant trois points de croissance ou pissant dans leur froc à l’ouverture de Wall street.

Le catholicisme, moteur de l’Occident après l’effondrement de Rome est mort avec le cogito de Descartes au XVIIème siècle et le projet inouï d’autonomie et d’émancipation individuelle. L’homme occidental post-moderne (festivus festivus) sans attaches, émancipé et revenu de tout et de tous, habité par l’illusion de la liberté et de l’égalité, recyclant sans fin les dogmes chrétiens sécularisés mais épuisés et désormais vides de sens (qui peut croire encore au Progrès™ en regardant la gueule de DSK, de Coppé ou Fear Factor?) est aveuglé par son image de toute-puissance de démiurge au petits pieds, ravageant la planète, épuisant les ressources, délocalisant tout et n’importe quoi, spéculant sur l’essentiel et le vivant, liquidant les fragiles équilibres séculaires et les civilisations millénaires. Comme le Symmaque de Molnar, nos contemporains en bermuda sont perdus, le lien avec le cosmos est rompu, la perte de sens est totale, l’aliénation complète.

L’avenir, le seul, c’est le plurivers, l’irréductibilité et la singularité des cultures (des épistèmes) et des hommes, non des croyances bidons et pseudo-universelles portées par des pitres à talonnettes encartés Gold™ ou par des queutards millionnaires et obèses.

Ou alors BAYROU ?