Actualisé : l’appel des très riches français « Taxez-nous ! » (Nouvel Obs du 25/08/11)
Nous, présidents ou dirigeants d’entreprises, hommes ou femmes d’affaires, financiers, professionnels ou citoyens fortunés, souhaitons l’instauration d’une « contribution exceptionnelle » qui toucherait les contribuables français les plus favorisés. Cette contribution serait calculée dans des proportions raisonnables, dans le souci d’éviter les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l’accroissement de l’évasion fiscale.
Nous sommes conscients d’avoir pleinement bénéficié d’un modèle français et d’un environnement européen auxquels nous sommes attachés et que nous souhaitons contribuer à préserver. Cette contribution n’est pas une solution en soi : elle doit s’inscrire dans un effort plus global de réforme, tant sur les dépenses que sur les recettes.
Au moment où le déficit des finances publiques et les perspectives d’aggravation de la dette de l’Etat menacent l’avenir de la France et de l’Europe, au moment où le gouvernement demande à tous un effort de solidarité, il nous semble nécessaire d’y contribuer.
Jean-Paul Agon, PDG de L’Oréal ; Liliane Bettencourt, actionnaire de L’Oréal ; Antoine Frérot, PDG de Veolia Environnement ; Denis Hennequin, PDG d’Accor ; Marc Ladreit de Lacharrière, président de Fimalac ; Maurice Lévy, PDG de Publicis ; Christophe de Margerie, PDG de Total ; Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale ; Claude Perdriel, président du conseil de surveillance du Nouvel Observateur ; Jean Peyrelevade, président de Leonardo & Co France ; Franck Riboud, PDG de Danone ; Stéphane Richard, PDG d’Orange ; Louis Schweitzer, président de Volvo et d’AstraZeneca ; Marc Simoncini, président de Meetic, fondateur de Jaïna Capital ; Jean-Cyril Spinetta, président d’Air France-KLM, président du conseil de surveillance d’Areva ; Philippe Varin, président du directoire de PSA Peugeot Citroën.
On attendait un geste de leur part et il a finalement eu lieu à l’image de quelques millionnaires américains. Coup sur coup, deux personnalités très différentes, Pierre Bergé, millionnaire étiqueté à gauche, et Maurice Lévy, le patron de Publicis, s’exprimant en tant que président de l’Association française des entreprises privées (Afep), se sont prononcées en faveur d’une contribution accrue des plus riches à l’effort national. Ces prises de position interviennent à un moment crucial : le gouvernement est le dos au mur, contraint de faire jusqu’à 10 milliards d’euros d’économies sur le prochain budget pour tenir ses engagements européens et justifier le maintien de la note triple A du crédit français, et calmer la spéculation contre l’euro visant singulièrement la France depuis une semaine.
Pierre Bergé, qui « pèse » 120 millions d’euros selon le magazine Challenge, s’est dit prêt à soutenir une demande visant à accroître les impôts des plus grandes fortunes de France. Tout en restant sceptique sur la solidarité des riches…
Mais pour Monique Pinçon-Charlot, sociologue et co-auteur du Président des riches, ce n’est rien d’autre que de la poudre aux yeux. Elle décrypte les vraies motivations des riches : avec les révolutions arabes, les émeutes en Angleterre, la classe dominante sent les dangers explosifs de la situation actuelle, il y a un sentiment de révolte dans le pays de Nicolas Sarkozy parmi les classes moyennes et populaires. Payer une contribution exceptionnelle est le moyen pour les riches de se légitimer. Surtout qu’elle ne serait pas très contraignante. La grande richesse, c’est comme un iceberg. Quand on en voit une partie, il faut se dire qu’il y en a 100 fois plus en-dessous.
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