Dario Argento: L’oiseau au plumage de cristal & Le Chat à neuf queues

Par Geouf

Après avoir passé son temps à faire des critiques, notamment dans le Paese Sera de Rome, et à rédiger quelques scénarios, le petit Dario (30 ans tout de même) va finalement passer derrière la caméra, de peur qu’un autre réalisateur ne saborde son script, et commencer sa carrière sous le signe du giallo. Et pour une première oeuvre, ma foi, il n’est pas trop mal débrouillé. S’inspirant d’un livre de Frederic Brown, Screaming Statues, le film débute par un morceau de bravoure: le meurtre d’une jeune femme par un mystérieux tueur vêtu de noir. Toute cette scène ayant bien entendu un témoin, le héros de notre histoire. Jusque là, c’est banal, me direz-vous. Oui, mais il y a tout de même une originalité: ce jeune américain voit cet assassinat à travers une vitrine d’une galerie d’art. Le verre étant incassable, impossible d’intervenir, il ne peut qu’assister à l’horreur, totalement impuissant.

Argento magnifie cette scène en la découpant en deux parties bien distinctes: la partie qui se déroule dans la galerie même, une cacophonie de musique et de cris et la partie qui se déroule dans la rue, avec un silence de mort qui met vraiment mal à l’aise, le son ne passant pas à travers la vitre. Et puis, il ne faut surtout pas oublier que si le jeune homme voit le tueur ou tout du moins sa silhouette, ce dernier le voit aussi.

Et lorsque plus tard, il le menacera par téléphone, la tension montera encore d’un cran. Elle retombera malheureusement de temps en temps, la faute à une mise en scène moins rythmée ci et là. Faute de jeunesse facilement pardonnée, car ce futur grand réalisateur fait déjà ce qu’il fait de mieux: faire plaisir à son public. Car ce thriller est assez efficace, et Argento fera tout pour brouiller les pistes et prolonger le plaisir du spectateur. Celui-ci le lui rendant bien, le film ayant eu son petit succès. Fort heureusement pour le papa Salvatore, qui avait décidé de terminer le financement du film, après quelques problèmes de production…

Verdict: 7/10

Le Chat à neuf queues (Il Gatto a nove code – 1971)

Malgré une volonté de faire autre chose que des thrillers violents, difficile pour Argento de monter autre chose à cette époque, le giallo connaissant un vif succès dans les salles italiennes. Et je ne pense pas que ca l’ait vraiment dérangé de poursuivre sur la voie toute tracée par Mario Bava. D’autant plus que le public italien ne demande que ça, les importants bénéfices engrangés à la sortie du film ne font que le confirmer. Dès lors, Argento devient le chef de file, et si un autre réalisateur s’attaque à un giallo, impossible pour lui de ne pas s’inspirer de son travail. Si Le Chat à neuf queues se laisse autant regarder que L’oiseau au plumage de cristal, il manque toutefois une scène mémorable pour le démarquer des autres gialli. D’ailleurs, pour tout vous avouer, l’ayant visionné il y a de cela quelques années déjà, j’ai du lire un résumé pour me remémorrer de quoi le film parlait, au juste. Bien sûr, le tueur masqué et ganté est toujours de la partie, mais à part ça, le trou noir. J’avais même oublié la présence de James Franciscus, c’est dire (les habitués de mon blog crient tous en coeur: « La Mort au Large!!! » ^^)

Il incarne ici un journaliste, qui décide d’aider un aveugle et sa nièce, tous deux témoins d’un meurtre. Bref, il y a comme une impression de déjà-vu. D’autant plus que Dario Argento commet les mêmes erreurs de jeunesse que dans son précédent film, avec certains passages limite soporiphiques (qui expliquent surement mes trous de mémoire… Si j’ai le malheur de me déconnecter d’un film, il y a de fortes chances qu’il passe à la trappe une dizaine d’années plus tard…). Je me souviens néanmoins d’une explication à tous ses meurtres un peu tirée par les cheveux, mais je vous laisse la surprise de découvrir cette improbable mais cocasse solution; c’est après tout un des grands plaisirs de regarder un giallo…

Verdict: 6/10

Soundwave

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