Equipe de France : St André, un bon choix qui ne changera rien.

Chronique du 23 août 2011.

Philippe St André est apparemment le successeur de Marc Lièvremont. Apparemment, car il semble être le choix du seul président de la FFR et que celui-ci doit encore être avalisé par son comité directeur. Sachant que la dernière fois que Pierre Camou a proposé quelque chose à ce dernier, il a été mis en minorité, il faut rester prudent. Néanmoins, comme il ne s’agit pas, ici, de limiter le nombre de mandats, tout devrait aller pour le mieux. Analyse.

La reconnaissance de l’expérience club :

La fédération a souvent eu le défaut de choisir des entraîneurs sans véritable expérience en club : Desclaux, Fouroux, Dubroca, Berbizier, Lièvremont,… avec des résultats pas toujours au rendez-vous. On ne peut donc que se féliciter du choix d’un manager qui a maintenant une expérience  de plus de 10 ans avec des résultats qui plaident en sa faveur, même s’ils ont été acquis dans un modèle anglo-saxon qui n’est pas toujours reproductible à l’identique dans notre monde latin.

Philippe St André à l’expérience du haut niveau, de la gestion d’une équipe sur le long terme, de la frénésie de communication qui entoure le quotidien de l’équipe ( merci Toulon pour cela ), de la pression des résultats,… Il présente un profil qui parait idéal. Sa volonté de vouloir s’entourer d’adjoints au vécu et à l’expérience importante procède d’un soucis d’excellence qui va aussi dans le bon sens. Yannick Bru et Patrice Lagisquet, si ce sont bien eux les heureux élus, amèneront de la compétence et du professionnalisme. Avec Yannick Bru, les avants français seront totalement dans la continuité du travail de Didier Rétière ( pourquoi ne pas conserver celui qui assurerait une véritable continuité et qui a réalisé un excellent travail ??? ) et la précision et le côté méticuleux de l’entraîneur Toulousain devraient permettre au pack Français de maintenir un niveau de performance élevé. Patrice Lagisquet, par son exigence, permettra peut-être à la ligne de trois-quarts de se trouver un fond de jeu après lequel elle court depuis de nombreuses années. Tout semble être pour le mieux alors que l’on n’a même pas encore soldé cette Coupe du Monde 2011.

Tout change, rien ne change :

Les problèmes de l’équipe de France, et notamment le fait que, des 5 nations majeures, ce soit la seule qui n’ait jamais été championne du monde, ne sont pas pour autant résolus. L’équipe de France reste la nation dont les joueurs s’entraînent le moins et ont le dispositif d’encadrement le plus limité, et cela ne risque pas de changer. En effet, en nombre de jours passés ensemble, la France est très loin des nations du sud et même de l’Angleterre. Ce n’est pas l’arrivée de Philippe St André qui va modifier quelque chose. Le problème est profond et vient de 2 facteurs : le manque de cohésion entre la fédération et les clubs ( c’est un euphémisme ) et le manque de finance de la part de la fédération pour, à l’image de l’Angleterre, « acheter » les joueurs auprès de leur club pour en disposer de manière plus complète.

Serge Blanco et Pierre Camou se plaisent à dire que la construction d’un stade dont la fédération sera propriétaire résoudra ce problème et permettra à la France d’avoir un système de fonctionnement pour son équipe nationale proche de celui du voisin Anglais. D’une part, ces nouvelles ressources ne sont pas attendues avant 2017 au mieux, ce qui veut dire que Philippe St André dont le contrat devrait courir jusqu’en 2015 n’est pas concerné dans son mandat ( au moins son premier ), et que celles-ci dépendent de la capacité de la fédération à gérer elle-même une structure qui est une vraie entreprise et à dégager des revenus largement supérieurs à l’endettement généré au départ. Autant dire que j’ai des énormes doutes à ce niveau, mais ce n’est pas le sujet de cette chronique.

Philippe St André, aussi doué qu’il soit, se retrouvera avec les mêmes contraintes que ces prédécesseurs, obligé, pendant 3 ans, des composer dans des temps très courts des équipes de France qui devront faire des miracles face à des adversaires mieux préparés. Il lui restera une dernière année, 2015, et surtout la période de juillet à septembre, pour exprimer tout son savoir-faire et être capable en 3 mois de rendre son équipe compétitive en ayant, enfin, les mêmes conditions de préparation que ses adversaires. On peut penser, néanmoins, qu’il nous proposera une logique et une cohésion beaucoup plus grande que celle vécue entre 2008 et 2011 et sûrement plus proche de ce qu’à pu faire Bernard Laporte avec des résultats satisfaisants, au moins dans le Tournoi. Ni plus, ni moins.

Le fait du prince encore une fois :

Contrairement à ce qui avait été vaguement évoqué, notamment pour critiquer la manière de procéder de son prédécesseur, Pierre Camou a agi seul, sans en référer aux différentes instances que ce soit son comité directeur ou la LNR, qui est pourtant le vivier de tous les entraîneurs supposés candidats au poste. Même si Jean-Claude Skréla, d’une manière légère, et Serge Blanco, en tant que conseiller de l’ombre et véritable éminence grise de la FFR, ont été mis dans la confidence, la manière ne change en rien d’un président à l’autre. La nomination de Philippe St André n’est pas encore entérinée que, déjà, le président de Toulouse est outré et celui de la LNR blessé, ce qui est un handicap certain au moment où, comme après chaque Coupe du Monde, est évoqué le besoin de laisser suffisamment les joueurs à disposition de l’équipe nationale. C’est en effet dès cette fin d’année que ce négocieront les plages d’entraînement et de préparation des joueurs de l’équipe de France, en vue de la prochaine Coupe du Monde. Autant dire que celle-ci ne se présente déjà pas sous les meilleurs hospices avec un monde des clubs qui, face à l’absence de main tendue de la fédération, ne se verra en aucun cas sensible à faire un effort. Bravo donc à Pierre Camou qui promet à qui veut l’entendre que la Fédération est en train de changer. Que nenni, que nenni…

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