Les Archives Photographiques de Barcelone nous montrent une sélection des œuvres photographiques de Jacques Léonard à travers l’exposition Barcelona Gitane. Dans le cadre de cette exposition qui est ouverte jusqu’au 14 janvier 2012, l’institut Français de Barcelone présentera le documentaire sur la vie du photographe : « Jacques Léonard, el payo Chac » dirigé par Yago Léonard et produit par CurtFiccions CurtProduccions.
L’importance des ces archives qui sont organisées autours de 18.000 négatifs, dont 3.000 traitent de la communauté gitane de Barcelone, et couvre depuis la fin des années 50 jusqu’au milieu des années 70 du XXème siècle. Ces images constituent un document unique sur la vie quotidienne et tous types d’activités qui reflètent la culture gitane de ces décennies.
Pendant plus de 15 ans les archives photographiques et documentaires étaient tombées dans l’oubli, le temps ayant fait ses ravages, malgré son importance historique et l’esthétique qu’elle représente. Cette exposition vient au secours de la mémoire d’une époque, d’une culture et d’un artiste fureteur dont la mission a été de révéler au public une culture qui a toujours été marginée
Jacques Léonard est né en 1909 à Paris. Fils de famille aisée de la région viticole de Jurançon où sa maison, située sur une propriété de trente hectares, avait 40 chambres. Il grandit entre écuries de pur-sang et les soies de l’atelier parisien de haute couture de sa famille. Il fut écuyer, monteur au cinéma, photographe, écrivain, créateur, rêveur et aventurier. Il n’existe pas d’activité créative que Léonard n’ait pas essayée.
Son amour pour le peuple gitan lui vient du moment où il apprend que son père provenait de cette communauté, même si celui ci le maintenait en secret et s’était complètement fondu dans la culture française. Conscient que les changements qui s’opéraient dans la société européenne de l’après guerre mèneraient à l’extinction de la culture nomade gitane, il commence son travail et s’installe à Barcelone.
Il y tombe éperdument amoureux d’une gitane qui travaille comme modèle pour les peintres, vivant dans la barraca de Montjuic. Elle s’appelait Rosario Amaya, elle était célèbre pour sa beauté et son expressivité. Cela a été un amour foudroyant. Pour elle il quitta tous les luxes de sa vie citadine pour aller vivre face à la mer dans la barraca de Montjuic.
Danses, rues non pavées, quartiers pauvres sont quelques unes des images qui décrivent la vie des gitans, avec le regard humaniste typique de la photographie d’après guerre, où la pauvreté et la marginalité sont des sujets qui inspireront de nombreux cinéastes et photographes.
Les histoires qui ornent les archives de Léonard sont cinématographiques et révèlent le caractère de cet homme qui a fait de sa passion une vie. Depuis aider à traverser les routes incertaines des Pyrénées aux espagnols qui fuyaient la guerre, avoir été espion durant la 2nde guerre mondiale ou s’être installé en Australie avec un compagnie de cirque de contorsionnistes, c’est quelques unes des histoires que l’on peut découvrir dans le documentaire qui a été à l’origine de cette exposition de L’Arxiu Fotográfico de Barcelone.
Pour plus d’informations http://www.bcn.cat/arxiu/fotografic/expos13.html
Nancy Guzman