Ca vole bas à Nantes. Scène de far west lundi en centre-ville. Une trentaine de personnes cagoulées ont saccagé la camionnette du PS qui sillonne la France pour faire la promotion de la primaire socialiste. La nationalité des suspects interpellés -un Français, un Allemand, un Américain, un Australien et deux Britanniques- confirme la radicalisation de l'opposition au projet d'aéroport.
Du hooliganisme et rien d'autre. Juliette Perchepied, coordinatrice de la caravane a décrit à l'AFP l'action commando :"Un groupe de trente personnes cagoulées est arrivé ce matin pour détruire la caravane : ils l'ont taguée, ont crevé les pneus, ont arraché des morceaux de carrosserie". "Ils ont aussi jeté du purin à l'intérieur de la cabine du chauffeur et cherché à retourner la caravane".
Le procureur de la République à Nantes, Xavier Ronsin a indiqué que les six suspects âgés de 24 à 35 ans "se sont déclarées clairement comme des opposants au projet d'aéroport".
Le projet de futur aéroport est soutenu par les collectivités locales socialistes notamment le maire de Nantes et président de Nantes Métropole, Jean-Marc Ayrault ainsi que Patrick Mareschal, président du Conseil général de Loire-Atlantique sans oublier Jacques Auxiette pour la région.
Les élus avancent que le transfert de l'aéroport évitera les nuisances liées au survol de l'agglomération et que le projet est pertinent pour le trafic aérien (+50% de passagers transportés sur 10 ans). La configuration des nouvelles installations doit en effet permettre aux avions de supprimer leur temps d'attente en vol et au sol, et de réduire leur temps de roulage. Au plan environnemental les espaces naturels et agricoles au sud de la nouvelle zone aéroportuaire devraient être protégés et les surfaces libérées à Nantes réaffectées à des activités économiques et de l'habitat.
A l'inverse, les opposants (agriculteurs, militants écologistes, jeunes plus radicaux) dénoncent le sacrifice de plus de 2000 ha de terrains agricoles et un projet "du passé" archétype d'un modèle de développement qu'ils contestent.
La radicalisation qui entoure le projet, devenu au grand désespoir des élus un enjeu national, laisse présager que celui-ci ne devienne un nouveau Larzac. Sur le planning officiel, les travaux du futur aéroport de Nantes devraient démarrer en 2014 pour une livraison prévue trois ans plus tard.
Le dossier pourrait vite constituer une importante épine dans les relations déjà difficiles entre le PS partisan de la croissance économique, très attaché aux grandes réalisations, et EELV qui demande un changement de paradigme.
Les écologistes, conscients des enjeux symboliques liés à cette bataille, font de la poursuite du projet un casus belli. C'est également pour eux l'occasion de mesurer leur poids face à l'appareil socialiste. Faire plier le patron des députés socialistes ne serait pas pour leur déplaire.
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