Cette bonne à tout faire n’avait rien à redire. Elle faisait tout au mieux, elle le faisait très bien. Tout est bien, si c’est mieux. Tout est mieux si c’est bien. Tout va bien, c’est tant mieux. Mieux vaut taire le bien, même si c’est rien du tout.
Et la bonne à tout faire s’étiolait loin de son amoureux, un mineur du lointain ne payant pas de mine.
Eloignons nous du loin pour revenir ici. A moins qu’on ne voie loin pour s’en aller ailleurs. Il n’y a rien à faire, loin des yeux, loin du cœur. Et l’on pense à l’absent un peu moins chaque jour. Puis quand tout est trop loin, on ne pense plus à rien.
L’attente, c’est tout ou rien. Il revient ou bien non. Et la bonne à tout faire regardait vers le loin. Mais elle ne voyait rien venir. Et la peine de l’homme gisait dans le lointain.
Ca ira mieux demain, se disait-elle en vain . Mais mieux ce n’est pas tout : Dans la vie y’a du rien qui ne s’étonne de rien. Tout est bien en même temps rien ne dépasse rien. Elle quitterait sa place pour aller voir son homme et ne ferait plus rien de ce que font toujours les bonnes à tout faire…
Ca en va pas très loin quand les choses sont là. Mais l’amour, c’est pas rien, surtout quand on s’en va…
Et la bonne à tout faire devient une fille de rien, car nous avons du rien à ne savoir qu’en faire. Le tout, c’est pour le tout : on en a rien à faire. Il faut bien que le rien ne révèle rien qui vaille. Ce n’est pas tout, pourtant, il y a bien autre chose…
De loin en loin je vois passer l’ancienne bonne à tout faire. Elle n’est plus rien que ça, mais une femme en tout genre. Et par-dessus le tout, elle ne fait pas la fière. Elle n’habite pas loin, peu de chemin à faire…
Elle sait que tout vaut mieux qu’une misère proxime. Alors elle a vu loin pour vivre plutôt bien. Ce qui ne vaudrait rien serait le rien de rien. Et celui qui fait tout n’a rien d’autre à faire. Qui annule son rien fait du rien avec rien. Loin s’en faut d’être là, mine de rien c’est beaucoup. Ce n’est pas tout pourtant, loin de là, rien à dire !
Pour extraire le rien il faut une mine de rien. Et des hommes de rien qui travaillent pour rien. Et c’est un gros travail d’extraire le rien du tout. Le tout s’emmanche au rien comme la cognée au bois. On parle peu, c’est pas rien la parole, voilà tout. Car le tout c’est trop cher pour qui n’a rien de rien. Ne rien dire c’est chose est dite qui s’ajoute au rien pur. Dans les villes de rien qu’on fonde près des mines, il y a des filles de rien ou pas de filles du tout. Elles sont partie plus loin voir s’il y a quelque chose. Comme la bonne à tout faire qui ne faisait plus rien.