Jacob Taubes : Téléologie occidentale, une fin si parfaite (le logos de l'eschaton d'occident)
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« Le haut-fait de la foi consiste à passer de la vérité du monde, assertorique et donnée, à la Vérité du dogme, apodictique, mais pas encore donnée; à préférer à l'ici douteux, encore que présent, le là-bas certain, mais pas encore actuel. » Père Pavel Florensky
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« L'Empereur est le messie de tous les syncrétistes. L'Empire romain se transforme en église et le souverain est un khalife qui ne règne pas sur un territoire mais avant tout sur les croyants. » Jacob Taubes, Eschatologie occidentale
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L'ouvrage de Jacob Taubes duquel est extrait la phrase ci-dessus, est bâtit mais, en particulier, toute l'introduction, comme une construction d'aphorismes "empilés".
Taubes fut un esprit pénétrant (doublé, ce n'est pas exclusif, d'un petit esprit universitaire pédant, ironique et arrogant). Il sut user d'une puissante énergie intellectuelle pour scruter les profondeurs de l'essence historique. En outre, il me semble bien qu'il put en user, de cette énergie, avec une telle puissance pour cette raison précise, qui paraîtra aberrante aux professionnels de la pensée, qu'il sut ne pas l'assujettir à l'obligation livresque !
« Une « révolution du nihilisme » n'aspire à aucun telos, elle trouve dans le « mouvement » lui-même son propre but et se rapproche alors d'un satanisme. » (J. Taubes)
C'est ce que fut le « mouvement révolutionnaire » de l'imprimerie... (voire William Blake)
Mais revenons-en plus précisément au texte de Taubes qui m'intéresse ici présentement : La théologie politique de Paul. Il ne s'agit pas, en effet, dans sa conception première d'un « livre » mais d'une série de conférence autour de ce sujet que Taubes ne considérait pas « comme des exercices universitaires imposés, mais comme le compte rendu du coeur de ce qui le préoccupait intellectuellement. » (Avant propos des éditeurs)
Le problème débute ici, le coeur et l'intellect déconnectés. Le Père Jean Romanidès mettait en garde très sérieusement : la Bible (AT et NT tout ensemble) ne sont efficient que dans les mains de ceux qui ont connus la glorification ! Aux autres ils ne peuvent rien être, rien dire. En note à l'un de se textes importants le père Jean rapportait une expérience vécue, la rencontre de quelques vieux rabbins lors d'un symposium qui furent surpris de trouver en lui et en son exposé les mêmes conceptions de cette perspective « non-religieuse » de la glorificcation... les leurs « en attente », les siennes déjà advenues... !! Qu'aurait pu apprendre Taubes au milieu d'eux, lui dont les questionnements « juifs » font tellement échos aux trahisons et erreurs « chrétiennes » de l'occident...
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