La structure de l'Eglise paulinienne et le fondement des charismes : le don des langues

Publié le 23 août 2011 par Tudry

La structure de l'Église paulinienne et le fondement des charismes : le don des langues.

« A un certain moment de l'histoire de l'Église primitive le charisme de « traduire » simultanément les psaumes et les prières du coeur vers l'intellect pour le bénéfice du culte commun des individus privés (idiotês) fut remplacé par des textes liturgiques comprenant des parties fixes auxquelles les laïcs (idiotês) pouvaient répondre par leurs « amen », « Kyrié eleison » etc... Ainsi la prière dans le coeur fut réduite à une courte prière (par exemple : Seigneur Jésus Christ ait pitié de moi pécheur) ou par une phrase extraite d'un psaume (une forme qui existait chez les Pères du désert d'Egypte, amenée en Occident par saint Jean Cassien). Par ailleurs les charisme demeuraient intacts.

Grégoire de Tours a décrit les phénomènes de la prière incessante et de la glorification. Mais, n'ayant pas compris ce qu'ils étaient, il les a décrit comme des miracles d'une façon confuse. Les Franks ont perpétué cette confusion et ont finalement confondu l'illumination et la glorification avec le mysticisme néo-platonicien d'Augustin, ce qui fut rejeté par la majeure partie de la Réforme. »

Père Jean Savvas Romanidès

On a beaucoup glosé sur les « Glossolalies », en particulier depuis qu'elles furent remises « au goût du jour » par certaines franges de la religiosité américaine. Or, c'est aussi des Amériques, que nous en fut donné une critique très forte par le Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire dans son essai L'Orthodoxie et la religion du futur.

Toutefois, avant d'aborder cette critique, voyons encore un peu ce que le Père Jean nous révèle sur la parole et la prière dans l'Église ancienne :

«  1 Cor. 12-15 est une ouverture unique, par laquelle il est loisible à chacun de regarder la vérité concrète de l'Église comme Corps du Christ. La qualité de membre dans l'Église a ses degrés de guérison et de perfection répartis selon deux « groupements » : les illuminés et les glorifiés. La liste de ces degrés parmi les membres du corps du Christ est clairement établie dans 1. Cor 12 : 28. » J.S Romanidès

Apôtres

Prophètes

Docteurs

don des miracles

dons de guérir

de secourir

de gouverner

de parler en langues

« Chacun commence par devenir un croyant individuel « privé » (idiotês) qui dit « amen » durant le culte commun audible à tous. A ce stade chacun se trouve engagé dans la purification du coeur sous la direction de ceux qui sont déjà des temples du Saint Esprit et des membres du Corps du Christ. Les degrés de l'illumination commencent avec le charisme du « don des langues » en bas, à la huitième place et culmine avec les « enseignants » (docteurs) à la 3e place.

A la tête de l'Église locale se trouvent, en seconde place, les « Prophètes », qui ont reçu la même révélation que les Apôtres (Eph. 3 : 5) à la première place, et qui sont, ensemble les fondations de l'Église (Eph. 2 : 20) Les Apôtres et les Prophètes sont les fondations de l'Église d'une même façon que les docteurs sont les fondations des hôpitaux.

Le « parler en langues » est le fondement sur lequel les autres charismes sont bâtis et qui sont momentanément suspendus seulement durant le temps de la glorification (1. Cor. 13 : 8). »

Mais quel est ce don des langues selon saint Paul ? Comme je l'écrivais plus haut, le Père Seraphim a fort judicieusement et sérieusement analysé le phénomène charismatique qui s'est développé dans son pays natal durant les années 1970. Toutefois, il semble bien que lui-même n'ait pas eu une notion très juste de ce dont il était question :

« Paul parle des psaumes et des prières non pas récités par la propre bouche de quelqu'un mais entendus comme venant du coeur. Cette illumination du coeur neutralise l'esclavage de l'instinct de préservation de soi et entame la transformation de l'amour possessif en amour-non-égoïste. Ceci est le don de la foi à la personne intérieure qui est sa justification, sa réconciliation, son adoption, sa paix, son espoir et sa vivification.

Ces psaumes et prières incessantes dans le coeur (Eph. 5 : 18-20), autrement appelés «don des langues »  (1 Cor. 12: 28) transforment l'individu privé (idiotês) en un temple de l'Esprit Saint et un membre du Corps du Christ. Ils sont le début de la libération des entraves de l'environnement non par un retrait hors de celui-ci mais par son contrôle, non par l'exploitation, mais par l'amour désintéressé. C'est ainsi que : « la loi de l'Esprit de vie en Christ Jésus m'a affranchi de la loi du péché et de la mort... Si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. Et si Christ est en vous, alors le corps est mort au péché, alors que l'Esprit est vie dans la justice... » (Rom. 8 : 2 et suivants).»