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Et Dieu inventa le Morbier

Par Ladecool

Ne voyez dans ce titre aucun rapport avec le texte qui va suivre. J’utilise une vieille ficelle de publicitaire pour appâter le chaland avec un titre racoleur. Hormis ma passion pour le Morbier qui est bien réelle tout de même, je voulais faire un petit billet sur mon programme de la veille. Hier, en bonne habitante de Marseille, je me suis retrouvé au… musée. Nan, j’déconne, bien sûr. Hier je suis allée à la plage, comme tout le monde.

Me voici donc à Bandol, la station balnéaire dans toute sa splendeur. Je pose ma serviette, et d’un seul coup, illumination olfactive, auditive et presque visuelle, je me retrouve dans la peau d’une gamine de 11 ans. Moi, en maillot rouge, la puberté sous-jacente mais encore bien trop lointaine à mon goût, accompagnée de mes parents, dotée de deux grands frères en plein âge con, sur la plage du Trayas, dans les Alpes-Maritimes. La même odeur de beignet à la pomme, de crème solaire et de sable chaud. La même chose. Tout pareil. Rien n’avait changé. Sauf mes frères qui ont presque quitté l’âge con. C’était retour vers le futur à la plage.

Et là je me dis intérieurement, en fait, la plage est un continent qui ne bouge pas. Depuis des années, dès le 1er juillet et pour deux mois, il se passe la même chose à Palavas les Flots, à Mimizan ou à Saint Jean de Mont. On arrive, on pose sa serviette, on se fout à poil ou presque, et on entre dans une autre dimension. Un carré de sable et un peu de mer, et voilà qu’on n’est plus les mêmes. La crise ? Quelle crise ? La crise du slip, oui « mate un peu le maillot de la nana là-bas ». Et on se fout de la gueule des Bidochons, persuadés de ne pas faire partie de la même famille. Croyez moi, même si ça fait mal, on est toujours le Bidochon de quelqu’un.

Donc oui, rien n’a changé sur la plage. Ma fille refaisait les mêmes pâtés que moi, je soupirais « pfftt on crève de chaud, je vais me baigner moi ». Même les jeux de plage sont restés dans leur jus. La pelle et le seau, le matelas gonflable, les deux blaireaux qui jouent à la raquette en emmerdant tout le monde. Closer cohabite avec ce grand auteur qu’est Marc Lévy. A l’époque, c’était ici Paris et Paul-Loup Sulitzer.

On pense à ce qu’on va faire à bouffer ce soir « on peut se faire les restes du poulet de ce midi avec des chips non ?  ». Même les africains font toujours partie du paysage avec leurs breloques et leurs chapeaux qu’ils essaient de nous refourguer. Et on continue à les tutoyer comme si le Côte d’Ivoire faisait encore partie de nos colonies. Sans honte, détendus de la morale et du politiquement correct.

La plage est restée en l’état, confite, immuable, indécrottable. Le soir l’eau est plus chaude, tout le monde a fait pipi dedans avec délectation, à midi, on sautille sur le sable parce que ça brûle, le mâtin on rentre le ventre avant de se jeter à l’eau parce qu’elle est froide « mais non vas-y une fois qu’tu y es tu vas voir, elle est super bonne ». C’est vrai que ça nous rend con-con la plage. Mais la ville, ça nous rend 2 fois plus con. C’est pas pour rien que Bertrand Delanoë a créé Paris plage. Sauf que là-bas, on fait pas pipi dans l’eau. Et ça, ça change tout. 


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