- J’ac
Il était environ huit heures et comme chaque matin, blottie dans le creux de ma main droite une fiole de poppers que je m’envoyais par accoups au fin fond des narines afin de me réchauffer un peu. Ce régénérateur sembla fonctionner puisqu’un vent chaud me monta illico presto au cerveau.
La main gauche tendue sur l’avenue c’est ici que je rencontrai Georges. Il acheta son journal au kiosque comme tous les matins et me laissa la monnaie restante qu’il posa dans le creux de ma main ; mais là, impossible de la refermer sur cette putain de pièce ; ces maudites phalanges étaient comme gelées, j’étais en train de me changer en statue de glace miséreuse en plein Morgan-Street. Le vieillard ne broncha pas, compris que le froid qui gelait mes os m’empêcherait un quelconque rictus de politesse, puis, il me sourit, fit trois pas d’éloignement, s’arrêta et se retourna finalement en ma direction :
- Je vous offre un café bien chaud ? Me dit-il. J’habite à deux pas ! Vous allez mourir de froid jeune homme !
Je répondis d’un air aussi glacial que le temps présent :
- Un café bien chaud en échange de quoi ? Une matinée dans votre pieu à se caresser le bambou ? Niet.
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