Seu Jorge sort des disques en solo depuis 2001 et son album Samba Esporte Fino, intitulé Carolina en dehors du Brésil. C’est un adepte autant de reprises (The Life Aquatic Studio Sessions pour le film de Wim Wenders, sur lequel il interprète en portugais des morceaux de Bowie, ou Cru avec des reprises de Gainsbourg ou Elvis, entre autres) que de compositions originales.
En 2007, et je pense en hommage à Africa Brasil de Jorge Ben, América Brasil O Disco frappait un grand coup, réaffirmant le statut sans cesse croissant du Brésilien, qui a pu être vu dans le film de Wim Wenders ou dans le film brésilien La Cité De Dieu. Un grand coup, pour moi en tout cas : en effet, si rien n’est tout à fait révolutionnaire dans ce disque, il est parfaitement maîtrisé de bout en bout, la production étant par exemple irréprochable (alors que Carolina proposait d’excellents morceaux, il restait assez inégal malgré tout, manquant même de cohérence. Mais c’était le premier) et il s’agit de chansons personnelles, à l’inverse de Cru qui reprenait pas mal d’artistes appréciés par Seu Jorge, pour seulement trois compositions personnelles. Cru est peut-être son meilleur album à ce jour, un petit chef-d’œuvre même, emprunt de beaucoup de mélodie, de sensualité, de romantisme.
Cet été, avec la sortie de Músicas Para Churrasco Vol.1, il revient en solo après l’album en duo avec le groupe Almaz en 2010. Et c’est – toujours, ou encore – un retour gagnant, à ce qui a fait et continue de faire le succès de Seu Jorge. De la MPB, c’est-à-dire « música popular brasileira », faite de bossa nova ou jazz parfois, de rock, samba ou soul souvent. Les churrascos sont servis, notamment au Brésil mais pas seulement, dans des churrasqueiras, sorte de restaurants où la viande est grillée au barbecue.
Sur ce volume 1, Seu Jorge a coécrit toutes les chansons (à l’exception de « Japonesa ») et, en plus du chant, joue de la flûte et de la guitare, tout cela en plus d’avoir produit l’album. Un véritable artiste donc.
Dix titres dans la pure veine de ce que fait le Brésilien, sans que l’on puisse parler pour autant de redite. Globalement, il n’y a aucune baisse de régime pendant les quarante petites minutes totales. À l’inverse, il y a tout de même certaines chansons qui se détachent du lot, un peu seulement puisque l’ensemble demeure très homogène.
Tout d’abord, « Dois beijinhos ». Évidemment, le thème (i.e. les paroles) reste très classique, mais cette chanson, la première à apaiser quelque peu l’ambiance, est d’une pertinence absolue. En somme, un vrai délice ! Ou encore le très funky « Dia de comemorar », « Japonesa » et son final plutôt endiablé, juste avant le tout aussi festif « Olê, olê » !
En fin de disque, « Quem não quer sou eu » apporte une touche finale extrêmement mélodique, avec une production finalement très anglo-saxonne. Il faut savoir que les Latino-américains travaillent assez facilement aux Etats-Unis pour la production, le mixage, les arrangements, ou l’enregistrement de section rythmique comme c’est le cas ici et sur presque tout l’album. Sûrement la seule la chanson des dix qui pourrait très bien se voir réinterprétée en anglais…
En somme, Seu Jorge est assurément l’un des noms à retenir lorsque l’on parle de musique brésilienne depuis le début de ce troisième millénaire, pour preuve la publication de l’un de ses concerts de 2005, celui au festival de Montreux. À découvrir, avec le disque que vous souhaiterez, mais vous n’avez plus le droit de ne pas connaître et son nom et sa musique. Bien sûr, en attendant le volume 2.
(in heepro.wordpress.com, le 22/08/2011)