Plusieurs voix se sont élevées depuis quelques jours appelant à une augmentation des impôts qui pèsent sur les plus riches. Réjouissons-nous !
Soit que dès mercredi prochain 24 août le gouvernement, qui doit annoncer des mesures de nature à réduire le déficit budgétaire pour l’année en cours, exauce le voeu de ces pénitents, affligés de trop de revenus ou de trop de fortune, et ils pourront se réjouir d’avoir su devancer, au moins médiatiquement, les décisions du Grand Timonier (toujours à la barre du G20, pour ceux qui l’auraient oublié…).
Soit que ce même gouvernement, toujours fidèle à sa promesse de ne pas augmenter les impôts – et bien qu’il ait déja trahi celle-ci à plus de trente reprises depuis quatre ans… – se garde de céder à cette agréable sollicitation , et nos impétrants – Maurice Lévy, Pierre Bergé, Michel Pébereau… – pourront toujours faire un don direct au Trésor public, qui, sinon, pourrait aussi leur rappeler directement leurs offres publiques de contributions…
Et puisque ces «nantis» ne seraient que l’avant-garde de leur classe sociale, pourquoi ne pas lancer une vaste campagne d’appel aux dons, façon élégante de faire la manche ?
En tout cas, notre cher président serait bien inspiré, avant cette réunion, de se souvenir qu’en démocratie il n’est jamais bon de ne pas tenir ses promesses. Au moins auprès de ses propres troupes… Un certain George Bush père avait lui aussi dit qu’il n’augmenterait jamais les impôts…
Reste le débat de fonds : en période de grave crise financière, quand les recettes fiscales s’effondrent, et qu’on ne peut plus (comme en 2008 et 2009) laisser filer les déficits, faut-il ou non augmenter les impôts, et si oui lesquels ?
L’opinion publique, tout comme les marchés financiers, réclament une diminution des dépenses publiques. Dans la situation présente cela n’est possible qu’en taillant à la hache dans l’Etat-providence, c’est à dire l’aide sociale, l’Education nationale ou les subventions aux collectivités publiques.
Toute augmentation des impôts – directement ou par l’intermédiaire des «niches fiscales» - en alourdissant le poids de la dépense publique par rapport à la production nationale reviendrait à réduire encore, et au plus mauvais moment, la compétitivité globale de l’économie française.
Nonobstant, il y a fort à parier, qu’un volet fiscal figurera dans le paquet-cadeau de mercredi prochain.
Une mesure sur les riches fera partie de ce volet. Les propos de MM. Levy (publicitaire) et Pébereau (ex- technocrate du ministère des finances) ne faisaient que préparer le terrain. Il est d’ailleurs à remarquer qu’aucun des deux n’est à proprement parlé un «entrepreneur». Ils appartiennent plutôt à la catégorie des «intendants»…
Laissez-nous nos riches !
N’en déplaise à l’égalitarisme ambiant, c’est dans une période de crise comme celle dans laquelle nous entrons qu’on a besoin non pas de moins mais de plus de riches !
Car, quand l’administration ne pourra plus recruter de nouveaux fonctionnaires (ce qu’elle aurait du faire, dans la sérénité il y a déjà quinze ans, au lieu d’être contrainte de le faire, dans la douleur, au moment d’entrer dans la récession…) qui donc, un jour, sera susceptible de recruter à nouveau, si ce n’est des entrepreneurs, avec l’argent qui restera à ces capitalistes honnis ?
A droite comme à gauche, il n’est question que d’augmenter encore les impôts, malgré la crise. La TVA, l’IRPP, l’IS… Ou de tailler dans les niches fiscales, que nous n’avons jamais approuvé (tout «cadeau» fiscal à vocation à être repris d’une autre main…), mais dont la réduction est quand même une augmentation d’impôt.
Du point de vue de la justice, un impôt proportionnel, sur tous les revenus, serait le seul acceptable. Mais cela suppose que l’on tourne le dos à l’égalitarisme confiscatoire, qui nous mine, et qui nous ruine. Idéologie qui sous-tend l’Etat-providence, en faillite.
Alain Dumait – www.dumait.fr
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