L'hypothèse d'un Cyrus Vance abandonnant les poursuites et d'un DSK rentrant immédiatement en France est à nouveau à l'ordre du jour : le feuilleton New York /Solférino n'en finit pas ! Certains le voient déjà en vedette américaine à La Rochelle !
Il s’agit véritablement, d’un débat dépassé, sans objet.
Il y a en premier lieu le fonctionnement de la justice américaine qui demeure toujours très obscure pour la plupart de nos concitoyens. Ils comprennent difficilement que les poursuites au pénal étant abandonnées, cela n’empêche pas le déroulement d’un procès au civil et d’une lourde condamnation possible devant une telle instance le pénal réclame des scores de 99,9% chez les jurés, le civil se contente d'un petit 50,1% ... Le risque encouru n’est plus de même nature, la liberté est sauvegardée, mais des sommes pharaoniques peuvent être demandées et obtenues. Au civil, des preuves sont présentées, les jurés tranchent et ils ne seront pas en période électorale pour être réélus, à l'inverse de Vance qui ne peut se permettre l'échec. On oublie aussi trop souvent l’impact de l’argent dans cette affaire. Outre l’accusation de viol portée contre le directeur du FMI, c’est aussi l’immensité de la fortune du couple Sinclair-DSK qui a interpellé les Français, presque plus que l'acte présumé lui-même toujours suspecté d'être monté en machination. L'énorme caution, les frais de surveillance, la location du domicile new-yorkais, la maison à Washington, le Riad au Maroc etc. se sont imposés à tous et auront ont été souvent des découvertes pour beaucoup, tant il est vrai que la presse était assez discrète sur l'aspect "super-fric" du personnage, comme sur le reste d’ailleurs. Le procès au civil ne peut que renforcer cette odeur de dollars. Lorsque la presse nationale explique : « ce n'est plus qu'une question d'heures. Dominique Strauss-Khan pourrait être totalement blanchi et libre de retourner en France dans les prochaines 48 heures … » ; elle laisse entrevoir un éventuel retour politique. Elle amuse le tapis. L’abandon par le procureur américain des poursuites pénales n’effacera jamais le doute, c’est bien là que réside d’ailleurs le terrible de ce type d’accusation, viol ou consentement ? Parole contre parole, on n’en sortira jamais, d’autant plus que les attaques hexagonales ne laisseront guère de répit.
Il est en conséquence très surprenant que nombreux soient encore les Strauss-Khaniens de la première heure qui se bercent de l’illusion d’un retour sur le devant de la scène politique nationale. Il existe encore, sur les réseaux sociaux, sur les forums, sur les blogs, de nombreuses pages continuant à promouvoir DSK, et militant pour son retour au premier plan. On mesure ainsi la force du mythe.
Certes un DSK libre de rentrer en France, sans lui-même concourir, pourra éventuellement s’immiscer dans la primaire au PS d’abord, puis dans l’élection présidentielle elle-même. Il n’est cependant pas certain que les divers concurrents socialistes aient beaucoup à gagner d’un soutien de cet ordre. Les connivences de l’ancien directeur du FMI avec les puissances financières internationales, tant chahutées en ce moment, ne sont pas non plus un atout majeur.
On peut regretter d’ailleurs ce combat longtemps annoncé et mis en scène, stoppé net à cause d’une gymnastique hasardeuse dans une suite new-yorkaise. La campagne du mythe socialiste aurait été certainement très intéressante à suivre, sans préjuger du résultat final : elle restera un acte manqué.
[AgoraVox a publié cette note]