Le musée Reina Sofia expose l’œuvre sans égale de Elena Asíns, fragments de la mémoire, qui sera ouverte jusqu’au 31 octobre. Le titre provocateur submerge le spectateur dans la linguistique, la philosophie, la musique et les mathématiques, pour observer le processus de création que les ordinateurs et l’esprit humain peuvent construire.
L’exposition, dirigée par le directeur du musée Reina Sofia Manuel Borja-Villel, se présente dans l’édifice Sabatini, au troisième étage du Reina Sofia, reprend la trajectoire complète de l’artiste au travers de ses travaux des 20 dernières années.
Elena Asíns est née à Madrid, en 1940. Elle est peintre et graveur, base ses travaux sur des calculs réalisés par ordinateur. A ses débuts, elle s’unit au groupe Castilla fondée en 1963 par le peintre surréaliste Miguel Pinto. Intellectuellement inquiète, elle intègre le centre de calcul de l’université Complutense de Madrid Huelva connaître plusieurs artistes qui s’intéressent au travail plastique assistée par ordinateur, coïncidant avec l’artiste abstrait José María Iturralde.
Un autre facteur important dans son travail a été son séjour à l’université de Stuttgart, en Allemagne, où elle s’est approchée définitivement de lalinguistique et de la sémiotique, qu’elle approfondira à l’université de Columbia avec Noam Chomsky. Cela va l’inspirer pour beaucoup de ses œuvres, où elle explore les sentiments profonds et superficiels des signes. Elle va ainsi rassembler les numéros et des signes pour les convertir en un langage plastique extraordinaire.
Elle a participé à d’intéressants projets artistiques, comme la coopérative de production artistique. Dans sa longue trajectoire, elle a exploré divers formats et supports, comme la poésie concrète, la vidéo, les installations, les sculptures et dessins.
Asins à séparer son œuvre des émotions, c’est du moins ce qu’elle a déclaré à plusieurs reprises : « j’essaye de créer un monde parfait, comme les mathématiques, éloignant tout sentiment ou passion ». Cette asepsie émotionnelle se voit reflétée dans l’inexistante polychromie : seul le blanc et le noir étant présents. Les lignes pures, les jeux géométriques et les volumes sont dans toutes ses œuvres, qu’elles soient picturales ou sculpturales.
Peut-être ce regard de la perfection, l’asepsie émotionnelle et idéologique est chargée d’émotion et d’idéologie. L’art est imprégné d’idéologie quand il en est, assure Adorno, puisque toute production symbolique est liée complètement au mode de production matérielle de la vie. Onc, son œuvre surgie d’une conception esthétique émotionnelle qui est chargée d’idéologie, qui est ensuite réorganisée par un ordinateur basé sur des programmes binaires.
Si l’on prend un peu de recul sur l’œuvre d’Elena Asíns, il est impossible de la séparer des émotions. Ce sont d’intéressantes métaphores esthétiques du monde complexe et inintelligible qui nous rappelle les fractures entre l’émotion et la raison.
Pour plus d’informations http://www.museoreinasofia.es/exposiciones/actuales/asins.html
Nancy Guzman