La question mérite d'être posée: lorsque l'économie vit du tourisme - et donc de l'image qui doit donner envie de venir chez nous - est-il opportun de répondre à un journaliste qui vous demande "Comment ça va chez vous?" Le Figaro (comme d'autres médias) a publié plusieurs articles ces derniers jours pour raconter aux lecteurs français combien la Suisse souffrait de voir sa devise prendre l'ascenseur. Samedi, Marie Maurisse, correspondante pour Le Figaro, expliquait comment les Suisses essaient de s'adapter à la vie chère. En bas de page, un exemple des conséquences de la hausse du franc par rapport à l'euro, avec Crans-Montana. Un article titré "Les touristes français boudent les montagnes helvètes".
Voici ce que les Français ont pu lire dans Le Figaro, samedi:
Malgré le soleil qui brille sur les pâturages suisses, la saison touristique est plutôt morose. Dans le canton du Valais, réputé pour ses superbes sommets, ses lacs et ses vignobles, les professionnels du tourisme font grise mine.
«Cet été, nous avons 50% de clients en moins par rapport à l’année dernière, affirme Zoran Bojkovic, gérant du camping Moubra situé au cœur de la station huppée de Crans-Montana. C’est bien simple, le village est vide!»
Avec un budget modeste, les classes moyennes sont les plus sensibles à l’envolée du franc. Mais les établissements de luxe ne sont pas épargnés par la baisse des réservations. A quelques kilomètres du camping, François Rielle dirige le Grand Hôtel du Golf et Palace.
«Nous faisons 20% à 30% de nuitées de moins que d’habitude, évalue-t-il. Les clients restent moins longtemps et au lieu de prendre une suite, ils optent pour la catégorie inférieure.»
Dynamisme du tourisme d’affaire
Cette année, les hôteliers ont joué de malchance. En plus du taux de change désavantageux, ils ont essuyé une météo capricieuse ainsi que le ramadan, qui a fait diminuer le nombre de voyageurs venus des pays du Golfe. Du coup, même les commerces ont des résultats décevants. A Crans-Montana, au restaurant de la plage, le patron Jean-Paul Sprenger dit servir 25% de couverts en moins. Malgré une carte très attractive pour la région, les touristes peinent à dépenser près de 20 euros pour une fondue et 22 euros pour un plat du jour.
Depuis janvier, le secteur compensait la chute de ses résultats par l’augmentation de la clientèle suisse et asiatique, ainsi que par le dynamisme du tourisme d’affaire.
«Mais les touristes originaires des cinq premiers pays de la zone euro, dont la France, ont diminué de 6,5% au premier semestre», remarque Véronique Kanel, porte-parole de Suisse Tourisme.
Pour éviter l’hécatombe, l’association faîtière Gastrosuisse réclame entre autres d’abaisser la TVA à 2,5% contre 8% actuellement. Inquiet pour la saison hivernale, l’office du tourisme du Valais pense déjà à appliquer un taux de change à l’avantage des clients de la zone euro.
En attendant un geste du Gouvernement, ce sont les établissements français situés près de la frontière qui font le plein pour l’été, comme l’indique le journal Le Temps. Pour les professionnels basés en Haute-Savoie ou dans l’Ain, la hausse du franc est une aubaine.
Source: M. M. in Le Figaro, 20 août 2011