En DVD et Blu-ray : La sortie en vidéo, chez Warner Home Video, de Sucker Punch donne l'occasion de (re)voir un ovni cinématographique, qui, à défaut de te mettre K.O., te donne une grande claque visuelle. Et au fait, pour quelle raison ?
Regarder Sucker Punch, c'est passer par plusieurs étapes. Tu es d'abord alléché avant de glisser la galette numérique dans ton lecteur ; réjoui par une intro prometteuse, rythmée, qui plante l'histoire en quelques minutes (une jeune femme est placée de force dans un asile par un beau-père abusif) ; dubitatif quand le récit s'installe dans l'hôpital psychiatrique (décors glauques, personnages outranciers, déluge de clichés) ; interloqué quand s'instaure la première réalité alternative (l'asile est un bordel, les pensionnaires des putes exploitées...) puis la seconde (quand la jeune femme, Baby Doll, danse, elle entre en transe et se retrouve "guerrière" dans un univers déjanté) ; bluffé par la première scène de combat ; abasourdi par les scènes de combat suivantes (dont l'une mêle dragons, bombardiers de la deuxième guerre mondiale, orcs et chevaliers ! Manquent plus que les Schtroumpfs !) ; pour finir, tu te retrouves déboussolé alors que défile le générique de fin. Et, en conclusion, tu lâches un somptueux : "What the fuck ?"
Délire bien pensé
C'est en tout cas ce qui m'est arrivé. Je suis d'accord avec mon pote Marcel Martial (lire Sucker Punch : Mother Sucker), Zack Snyder est un réalisateur brillant, qui a un sens aigu de la mise en scène, avec une esthétique forte (qu'on aime ou pas) mais il est plus compétent avec une caméra au poing qu'avec un stylo dans la main. En clair, le scénar, c'est pas son fort et il sert un grand n'importe quoi avec des personnages très caricaturaux pour installer son univers. Lequel, soit dit en passant, me fait kiffer.
Sucker Punch est un roller-coaster visuel qui se rapproche en effet davantage de l'univers des jeux vidéo que du cinoche traditionnel. Et l'on en sort, dérouté ou avec la nausée. Et pourtant, pourtant, revoir le film en vidéo permet certes de confirmer l'énorme talent de Snyder et de mettre en lumière les faiblesses de l'histoire mais aussi, paradoxalement, de mieux comprendre ce délire hallucinant. Faites le test, comme moi. Matez le film puis regardez dans la foulée une deuxième fois la séquence introductive, celle qui pose l'histoire. Tout ce qui se passe lors des combats se retrouve dans les actions ou les éléments de décors du début du film : les samourais du premier combat rappellent les silhouettes des flics venus arrêter Baby Doll ; le lapin rose sur le robot du combat dans les tranchées est celui qui se trouve dans la chambre de la soeur de Baby Doll ; les jets de fumée blanche qui s'échappent des soldats-zombies sont les mêmes que celui provoqué par le tir dans le tuyau, etc. Bref, ce foutoir visuel est bel et bien cohérent.
Sans être totalement convaincu, j'ai pris une claque en regardant Sucker Punch. Cela me fait plaisir autant que ça m'énerve et, en fin de compte, je suis persuadé que le film s'apprécie après plusieurs visionnages. Surtout, ne me demande pas pourquoi. Anderton