Cars 2
Résumé: Flash McQueen s’est définitivement installé dans la petite ville de Radiator Springs, mais il continue à parcourir le monde de course en course, au grand dam de son ami Martin. Du coup, pour se faire pardonner, Flash l’emmène avec lui au tout premier Grand Prix Mondial financé par le milliardaire Miles Axlerod, qui entend par ce moyen faire la promotion de sa nouvelle essence 100% bio. Mais alors que Flash lutte âprement contre un autre coureur pour la première place, Martin se retrouve embarqué malgré lui dans une sombre histoire d’espionnage…
Comme tous les ans, le Pixar nouveau débarque sur les écrans en pleine période estivale, raflant tous les suffrages, qu’ils soient publics ou critiques. Ou pas… Cette année en effet, une fronde critique semble s’être montée pour conspuer le dernier-né du studio à la lampe. La raison de ce désaveu est simple, cela fait deux ans d’affilée que Pixar nous propose des suites. Et si Toys Story 3 avait pour lui deux premiers épisodes prestigieux et une thématique fouillée, Cars 2 n’est malheureusement qu’un simple divertissement. Le film de John Lasseter et Brad Lewis mérite-t-il pour autant une telle volée de bois vert ? Définitivement pas, puisque malgré son statut de simple suite, Cars 2 reste tout de même un excellent divertissement. On a plaisir à retrouver Martin et Flash McQueen dans cette nouvelle aventure, et comme d’habitude la perfection graphique est de mise. Le film est visuellement splendide, et utilise avec adresse la 3D. Niveau scénario, ce n’est certes pas aussi profond qu’un Wall-E ou un Là-Haut, mais ce pastiche de James Bond est suffisamment bien écrit pour qu’on ne s’ennuie pas une seule seconde. A l’image de son héros, le film de Lasseter et Lewis va à 100 à l’heure et ne laisse aucun répit au spectateur, passant d’un gag hilarant (les toilettes japonaises, le camouflage optique de Martin…) à une scène d’action époustouflante (la course-poursuite finale, tout simplement bluffante). Et si le message sur l’amitié est un chouia naïf, on aura plaisir reconnaître la constance de Pixar dans les thèmes abordés (comme Wall-E avant lui, Cars 2 prône un message écolo de bon aloi, ce qui est tout de même culotté dans un film prenant comme héros des voitures !).
En clair, oui, Cars 2 est un Pixar mineur qui ne fera pas date comme les chefs d’œuvres précédents du studio. Mais cela n’en fait pas pour autant un mauvais film, et même avec cette légère baisse de régime, le studio à la lampe reste à cent coudées au-dessus de la concurrence…
Note : 7/10
USA, 2011
Réalisation : John Lasseter, Brad Lewis
Scénario : Ben Queen, John Lasseter
Jarhead – La Fin de l’Innocence
Résumé: Récemment enrôlé dans les Marines, Anthony Swofford (Jake Gyllenhaal) est rapidement envoyé au front lorsque l’Irak envahit le Koweit. Plein d’idéaux et d’idées préconçues sur la guerre, le jeune homme réalise bien vite que la réalité est tout autre…
Pour son troisième film, Sam Mendes s’attaquait à un genre classique, le film de guerre. Ce qui est beaucoup moins classique par contre, c’est l’approche adoptée par le réalisateur. Car au lieu de livrer un récit guerrier classique, il réalise un film de guerre sans combats !
Jarhead leurre dès le début le spectateur (comme son personnage principal) en enquillant les clichés du genre : entraînement rude avec un sergent instructeur vachard à la Full Metal Jacket, rites initiatiques et camaraderie virile, accident mortel d’une jeune recrue… Bref, jusqu’au moment où le héros part à la guerre, on est en terrain connu. Mais une fois les valeureux trouffions débarqués au Moyen-Orient, ils vont très vite s’apercevoir que plutôt que l’envahisseur irakien, ils vont devoir affronter un ennemi tout autre: l’ennui. Un ennemi implacable qu’aucun des marines n’est préparé à affronter, et qui petit à petit aura raison même du plus valeureux des hommes. En mettant en scène son film au gré de saynètes de la vie quotidienne des soldats sur le front, Mendes réussit magistralement à rendre cet ennui palpable, sans provoquer celui du spectateur. En résulte une œuvre étrange mais originale, tour à tour drôle (le match de football américain en plein désert), tragique (la paranoïa qui gagne petit à petit Swofford), parfois même effrayant (le trouffion qui finit par shooter des chameaux « juste pour tirer sur quelque chose »). Au travers de ce film, Mendes dresse un portrait au vitriol de l’Amérique conquérante, « gendarme du monde ». Il égratigne l’armée, pointant du doigt la loi du silence (le reportage de l’équipe TV), l’aliénation et le conditionnement des hommes (tous sans exceptions n’attendent qu’une chose : mettre une balle dans la tête d’un Irakien), l’hypocrisie du système (un soldat exceptionnel est renvoyé parce qu’il a un casier judiciaire, tandis que le psychopathe de service peut rester) ou du commandement (déchirante scène du snipe). Mais si le film ne montre aucune scène de combat, cela n’empêche pas Mendes d’emballer de magnifique moments de cinéma, comme ces fascinantes vues des champs de pétroles incendiés. Jake Gyllenhaal est excellent en jeune soldat idéaliste, et Jamie Foxx charismatique à souhait en sergent drogué à la guerre. Mais au final, c’est surtout Peter Sarsgaard qui crève l’écran, éclipsant ses camarades par l’intensité de son jeu. La scène où celui-ci fond en larmes après que l’ordre d’abattre un officier ennemi ait été annulé restera un des grands moments du film.
Au final, Jarhead est un excellent film de guerre, qui parvient à renouveler un genre codifié à l’extrême, tout en intégrant un propos intelligent et assez inédit.
Note : 8/10
USA, 2005
Réalisation : Sam Mendes
Scénario : William Broyles Jr.
Avec : Jake Gyllenhaal, Jamie Foxx, Peter Sarsgaard
J’irai dormir à Hollywood
Résumé : Pour la transposition au cinéma de son émission J’irai dormir chez vous, Antoine de Maximy s’est imposé un défit de taille : traverser les Etats-Unis d’Est en Ouest en se faisant inviter chez les personnes qu’il croise en chemin.
Le principe de l’émission d’Antoine de Maximy est assez simple : il parcourt les routes de France en allant à la rencontre des locaux et en se faisant si possible inviter chez eux pour passer la nuit. Pour sa première incursion cinématographique, il applique le même principe, mais sur une toute autre échelle. Cette fois il s’attaque carrément aux Etats-Unis. Ne connaissant pas l’émission, c’est avec l’esprit vierge que votre serviteur a découvert le film et son animateur.
La première chose qui marque, c’est la personnalité d’Antoine de Maximy. A la fois baroudeur (il couche plusieurs fois dans sa voiture), doté d’un bagout hallucinant (même en anglais approximatif), à la fois naïf et possédant une indéfectible foi en l’humain (parfois à la limite de l’inconscience), le bonhomme est tour à tour agaçant et attachant, mais totalement fascinant. Son périple américain est un prétexte pour découvrir ces Américains moyens, ceux qu’on aime railler depuis le pays des « fromages qui puent ». En résulte un voyage passionnant qui balaye bon nombre de clichés et célèbre la légendaire convivialité du peuple américain.
Le revers de la médaille par contre, c’est qu’on a l’impression que dans les passages sélectionnés, de Maximy et son monteur se limitent aux rencontres mettant en exergue l’envers du décor du rêve américain. En résulte un film que l’on sent un peu biaisé, insistant plus volontiers sur les exclus du système (les minorités indiennes, les familles noires ayant tout perdu dans l’ouragan Katrina, les personnes se retrouvant à la rue…) que sur les classes moyennes. Le final à la Borat, dans lequel le présentateur tente de s’inviter chez une star hollywoodienne pousse aussi le bouchon un peu trop loin.
Cependant, le film est traversé de moments très prenants, tour à tour drôles (l’achat du corbillard), tendres (le final sur la plage), ou extrêmement émouvants (la rencontre dans le train avec l’homme se rendant en prison). De Maximy impressionne par son aisance et la façon dont il réussit à faire parler les gens, à faire ressortir l’humain de quasiment tout le monde. Et malgré les imperfections du long métrage, celui-ci touche au cœur plus d’une fois et remplit donc son contrat.
Note: 7/10
France, 2007
Réalisation : Antoine de Maximy
Scénario : Antoine de Maximy
Avec : Antoine de Maximy
Ténèbres (Tenebrae)
Résumé : Alors qu’il se trouve à Rome pour la promotion de son dernier livre, l’écrivain Peter Neal (Anthony Franciosa) se retrouve au centre d’une série de meurtres. L’assassin s’inspire en effet des meurtres décrits dans le livre de Neal, et s’amuse à narguer l’écrivain.
Suite à la récente critique de l’ami Soundwave ainsi qu’à l’excellent hors-série de Mad Movies, j’ai décidé de me lancer dans le visionnage du film que beaucoup considèrent comme un des derniers chefs d’œuvres de Dario Argento, Ténèbres. Ténèbres est un pur giallo mettant en scène un écrivain aux prises avec un psychopathe se servant de son dernier livre comme d’un modèle pour commettre ses meurtres.
Personnellement, j’avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dans le film. Le jeu assez approximatif de certains acteurs (le tournage en langue anglaise n’a pas dû aider), ainsi que la façon mécanique dont Anthony Franciosa débite ses répliques m’ont pas mal rebuté il faut avouer. Le film est aussi un peu lent à se mettre en place, et la stylisation des premiers meurtres (une constante dans les gialli) est assez difficile à digérer pour un quasi néophyte. Cependant, le film a assez rapidement un effet hypnotique qui fait que l’on finit par réellement rentrer dans l’histoire au bout d’une demi-heure. La musique entêtante des Goblins n’est pas étrangère à ce fait, l’efficacité de certaines scènes se trouvant dès lors décuplées (voir l’extraordinaire plan séquence dévoilant deux des futures victimes dans leur intimité). Argento n’hésite pas non plus à repousser certaines limites, mettant notamment en scène le calvaire d’une ado poursuivie par un doberman et qui se retrouve par mégarde dans la maison du tueur. Mais là où Ténèbres remporte le morceau, c’est surtout dans son scénario machiavélique. Argento balade le spectateur du début à la fin, de chausse-trappes en faux semblants, et bien malin qui devinera le fin mot de l’histoire avant la scène finale. Un final un peu ridicule (la mort du tueur, assez peu crédible), mais en même temps d’une noirceur absolue, et qui laisse le spectateur pantelant.
Personnellement, Ténèbres n’est pas mon film préféré d’Argento (je lui préfère largement Suspiria), mais force est de constater que le maestro a réalisé là une pièce importante de sa filmographie.
Note : 6/10
Italie, 1982
Réalisation : Dario Argento
Scénario : Dario Argento
Avec : Anthony Franciosa, John Saxon, Daria Nicolodi