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LA PIEL QUE HABITO de Pedro Almodóvar

Publié le 22 août 2011 par Celine_diane
LA PIEL QUE HABITO de Pedro Almodóvar
De la filmographie d’Almodóvar, ses trois dernières œuvres sont nos préférées. Parce qu’elles ont abandonné les excentricités provocantes du départ pour une maturité plus dérangeante, plus vicieuse, voire carrément transgressive avec cette Piel que habito là, almodrama sublime et vénéneux qui, tout en ressassant toujours les obsessions du cinéaste, s'aventure encore plus loin sur le terrain de l’art rebelle. De cette histoire, quelque part entre transgenre et transgénèse, on taira l’essentiel: soit la véritable nature de l’étreinte enflammée et morbide entre Vera (Elena Alaya) et le chirurgien Ledgard (Antonio Banderas), sorte d’union Frankenstein, qui défie les lois naturelles et éthiques. Au cœur de cette oeuvre viscérale, vrai film d’horreur tragique, il y a surtout des souffrances, des punitions, des réflexions sur le rapport au corps, à la chair, au sexe. Une affaire de regards aussi, comme en témoignent les deux parties distinctes ; la deuxième venant éclairer la première d’une lumière plus brutale que ne laissait supposer le prologue. Regards sur l’homme. Sur la femme. Regards sur la prédation, et le désir.

L’être hybride, souriant, heureux, qui enfantait dans Tout sur ma mère a subi une sacrée mutation. Sacrifié au scalpel par le réalisateur espagnol : aujourd’hui, il est plus mort que vivant, ne trouvant que désespoir et aliénation en bout de course. Les couleurs chaudes ont pris des teintes plus glacées, celles de blocs opératoires et d’amères vengeances. Les joyeuses quêtes identitaires d’hier ont laissé place à quelque chose de plus malsain. La Piel que habito est habité d’un bout à l’autre par les tourments de ses protagonistes : méthodique, tranchant, acéré, il est exécuté sans temps mort, respectant formellement la profonde noirceur de ses thématiques. L’homme, un animal. L’homme, chassant sa proie. L’homme, rien que des morceaux de chair, s’élançant droit à l’abattoir. C’est saisissant, perturbant, traumatisant. Mais aussi, féroce, violent, sans concession. Il n’y avait vraisemblablement qu’Almodovar pour faire rimer répulsion, avec fascination.

LA PIEL QUE HABITO de Pedro Almodóvar

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