Dutreuil © La Boîte à bulles - 2011
Alors qu’il est de passage dans la région de Suzuka, Matsuyama Kaze – un rônin – rencontre un charbonnier. Ce dernier est penché sur le corps sans vie d’un samouraï et appréhende déjà que le meurtre ne lui soit imputé. Kaze décide d’attendre l’arrivée des enquêteurs et constate rapidement qu’ils sont incapables de mener une enquête en bonne et due forme.
Peu après, apprenant que le charbonnier est accusé de ce meurtre, Kaze s’engage auprès du seigneur du District à retrouver le véritable assassin.
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Nous sommes plongés en plein Japon féodal puisque l’intrigue se déroule en 1603 (Période Edo). Le scénario est déjà connu de certains lecteurs puisqu’il s’agit de l’adaptation de La promesse du samouraï de Dale Furutani (je déterre une chronique de ce roman que vous pourrez lire en suivant ce lien). Certaines critiques en ligne notent la fidélité à l’égard du roman pourtant, Vincent Dutreuil a souhaité revenir sur les choix narratifs retenus (absence de certains passages) dans une interview qu’il a accordée à L. Gianati (voir le lien BDGest en fin de chronique) :
J’ai ôté de nombreux flash-backs qui enrichissaient les personnages secondaires et décrivaient merveilleusement la société japonaise, mais qui n’avaient rien à voir avec l’intrigue. J’ai même dessiné une scène de l’enfance de Kaze, que j’ai finalement renoncé à mettre dans l’album car elle en cassait la cohérence.
Je n’irai pas par quatre chemins : je n’ai pas aimé cette histoire qui avance par à-coups et ne se dévoile jamais totalement. Par bribes, le lecteur découvre de concert le personnage principal /sa quête personnelle et une région isolée du Japon. Les ingrédients semblent réunis pour préserver l’intrigue mais le résultat ne m’a pas convaincue. Le rythme narratif est trop lent et les différents éléments du récit (honneur samouraï, contexte socio-politique, penchants artistiques, monde rural) n’ont pas capté mon attention du moins, pas sur cette trame d’enquête policière. La présence de thèmes fréquemment utilisés dans ce genre de récits (sens de l’honneur, respect des traditions, superstitions…) gomme l’effet de surprise.
Au niveau graphique, la présence de plusieurs ambiances a renforcé mes griefs sur cet album. Séduite par certaines atmosphères, très extérieure à d’autres (comme les scènes de combat où l’on distingue mal les mouvements), j’ai oscillé durant toute la lecture entre engouement et rejet.
« J’aime beaucoup le fusain car c’est un outil de dessin qui est à la fois doux, tendre et en même temps qui n’autorise pas le repentir. Donc on est obligé d’aller à l’essentiel » (extrait de l’interview donnée par l’auteur sur France Inter, lien en fin de chronique).
Les dessins au fusain sont agréables mais ne respectent pas toujours les proportions. Ils offrent parfois un rendu très approximatif des expressions et des décors. On ressent pourtant le plaisir que l’auteur a pris à mettre en images le récit initial. Enfin, les choix de colorisation m’ont régulièrement surprise. Certains passages sont magnifiques, notamment ceux des scènes nocturnes réalisés dans des teintes bleutées, ou encore les ambiances ocrées des face-à-face importants de l’histoire. Cependant, la majeure partie de cette plongée en Japon féodal est colorisée à l’aide de couleurs trop printanières à mon goût, conférant une sorte de naïveté à l’ensemble.
Déroutée par le travail de Vincent Dutreuil, je trouve au final que les différentes ambiances cohabitent assez mal ensemble.
Un grand merci à l’équipe de La Boîte à Bulles pour cette découverte.
Pour ma part, je décline l’invitation à découvrir l’évolution de la quête de Kaze.
Les interview de Vincent Dutreuil sur BDGest’ et sur France Inter.
L’avis de PaKa et celui de Kekeru.
Extraits :
« Tel le seau d’eau froide qui calme les chiens excités, un bain glacé refroidira les ardeurs du guerrier trop imbu de lui-même, et allègera notre voyage du fardeau de sa présence » (Kaze, cadavres à la croisées des chemins).
« La vie est trop précieuse pour être gaspillée par orgueil » (Kaze, cadavres à la croisées des chemins).
Kaze,
Cadavres à la croisée des chemins
Éditeur : La Boîte à bulles
Collection : Champ-livre
Dessinateur / Scénariste : Vincent DUTREUIL
Dépôt légal : juillet 2011
Bulles bulles bulles…
Pour lire les 22 première pages, c’est sur DiGiBiDi.
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